Pourquoi Ali Benflis est-il si pressé d’aller aux élections présidentielles ?
Par Kamel M. – L’opposant acharné au régime Bouteflika rame à contre-courant du Mouvement populaire. Il appelle à aller vite aux élections pour élire un nouveau Président, allant jusqu’à brandir la menace de la disparition de l’Etat-nation si les Algériens ne se rendaient pas aux urnes au plus tôt, comme le souhaite ardemment le chef de l’armée à qui le candidat malheureux à la présidentielle de 2014 donne de la voix.
Les deux hommes sont tellement d’accord sur ce point que cela ne peut empêcher de nombreux observateurs de se poser la question de savoir si Ali Benflis n’est pas inscrit sur les tablettes du général Gaïd-Salah en tant que pion pour maintenir le statu quo que l’ancien chef du gouvernement dit pourtant contester.
Le président de Talaie El-Houriyet s’est exprimé dans les colonnes du quotidien arabophone El-Khabar. Mais sa tribune a été relayée par l’agence officielle APS, signe que l’écrit de Benflis bénéficie du soutien des tenants du pouvoir actuels, voire que sa contribution aurait été inspirée par l’état-major de l’armée esseulé dans sa posture figée décrite par les citoyens comme une manœuvre visant à contrer le Mouvement populaire du 22 Février auquel adhère l’écrasante majorité des Algériens. Cela sera prouvé encore une fois ce vendredi et plus encore à la prochaine rentrée sociale qui s’annonce explosive.
«La présidentielle constitue la voie la moins longue, la moins coûteuse et la moins risquée pour la stabilité et la pérennité de l’Etat national et, à l’inverse, la Constituante se veut la voie la plus longue, la plus coûteuse, voire la plus risquée pour sortir de la crise actuelle», a écrit Benflis, reprenant, ainsi, mot pour mot, le discours redondant du chef d’état-major de l’ANP, en ignorant superbement les revendications de tout un peuple qui rejette cette option en bloc, tant que les symboles civils et militaires du régime Bouteflika sont encore là.
Depuis le début de la crise, Ali Benflis n’a montré aucune empathie envers les détenus d’opinion et n’a apporté aucun soutien au Mouvement populaire, tenant le bâton par le milieu et évitant de «froisser» l’égo démesuré de celui dont il semble escompter un retour d’ascenseur qui le hisserait jusqu’au palais d’El-Mouradia. Pari perdu puisque le peuple, légataire légitime de l’Etat-nation dont Benflis craint «l’effondrement», en a décidé autrement.
K. M.
NB : Cet article, toujours d’actualité, est paru le 16 août 2019.
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