Le limogeage du chef de la police suscite de nombreuses interrogations
Par Karim B. – Les samedis sont souvent propices aux répliques des séismes du vendredi. Aujourd’hui, une ministre et un responsable sécuritaire ont été congédiés par l’homme fort du régime.
Si Meriem Merdaci a été invitée à présenter sa démission au lendemain de la tragédie qui a coûté la vie à cinq jeunes citoyens lors du concert du rappeur Soolking, le directeur général de la Sûreté nationale a, lui, été limogé sans ménagement, peut-être pour les mêmes raisons. Mais il n’est pas exclu que le drame du 20-Août n’ait servi que de prétexte pour écarter un patron de la police qui semblait ne pas trop adhérer aux discours belliqueux et provocateurs du chef d’état-major de l’armée.
En effet, après chaque sortie menaçante de Gaïd-Salah, d’aucuns s’attendaient à une répression féroce des manifestations. Mais aux marches pacifiques, la police s’est – à quelques exceptions – contentée de quadriller la capitale sans pour autant faire preuve de violence à l’égard des manifestants. En tout cas, pas ces dernières semaines.
La police comme l’ensemble des services de sécurité ont été placés sous la casquette du chef de l’armée. Elle ne relève pas du ministre de l’Intérieur.
Lorsque le mouvement de contestation populaire a commencé à s’attaquer ouvertement au chef d’état-major de l’armée, après avoir compris son jeu malsain qui consiste à pérenniser le régime Bouteflika, des instructions ont été données aux forces de l’ordre de réprimer les manifestants. Les images de policiers agressant violemment des citoyens avaient suscité une vague d’indignation sans précédent à travers tout le pays. La DGSN avait alors dû diligenter une enquête dont on attend toujours les résultats.
Avant cela, Gaïd-Salah avait ordonné l’arrestation des manifestants brandissant l’emblème amazigh. La police s’était exécutée avec zèle dans un premier temps, mais la détermination du hirak à défier le chef de l’armée a fini par dissuader les services de sécurité. Des manifestants ont été emprisonnés et sont maintenus en détention malgré les appels de millions de citoyens pour leur libération sans condition et le caractère arbitraire de leur arrestation.
Ce vendredi, les manifestants ont, à travers les quarante-huit wilayas du pays, réitéré les slogans hostiles à l’octogénaire chef d’état-major de l’ANP considéré comme le principal obstacle à une sortie de crise rapide qui épargne au pays une grave crise économique qui frappe à nos portes et dont les conséquences seront perceptibles dès cette rentrée sociale.
Gaïd-Salah reproche-t-il à Kara Bouhedba de ne pas faire preuve de «suffisamment de fermeté» à l’égard du peuple qui réclame de façon ouverte et en des termes virulents le départ du parrain du régime Bouteflika ? La réponse à cette question sera sans doute connue à travers la réaction de la police à l’égard des manifestations mardi et vendredi prochains.
K. B.
Comment (17)