Comment le Makhzen a perçu les changements opérés par Boukadoum
Par Saïd N. – Le récent mouvement dans le corps diplomatique décidé par le ministre des Affaires étrangères n’est pas du goût de la presse et des commentateurs marocains qui relaient généralement la vision officielle du Makhzen.
D’abord, la nomination de Sofiane Mimouni au poste d’ambassadeur de l’Algérie auprès des Nations unies leur donne des sueurs froides. Sofiane Mimouni étant connu pour ses positions constantes sur le dossier du Sahara Occidental. Rabat avait sans doute espoir que les changements opérés par Sabri Boukadoum aillent dans le sens de l’abandon de cette cause, d’autant que de nombreuses voix officielles n’avaient pas caché leur «espoir» que les changements en cours en Algérie aillent dans le sens du «rapprochement» entre les deux capitales.
Des manœuvres pour la réouverture de la frontière fermée sont menées des deux côtés dans le contexte de la crise politique qui secoue l’Algérie. Le Makhzen profite, en effet, des manifestations appelant au changement de régime pour tenter d’intégrer cette question des frontières fermées dans les revendications du hirak.
La désignation d’Abdelaziz Benali Chérif à Rabat semble plus problématique pour le Makhzen. Les médias marocains proches du régime qualifient Benali Chérif d’«homme aux relations plutôt crispées avec le Maroc». Ces médias rappellent des déclarations de l’ex-porte-parole du ministère des Affaires étrangères où il a ouvertement critiqué la rupture des relations diplomatiques, en mai 2018, entre Rabat et Téhéran, en accusant Bourita de «menteur» et en démentant toute relation entre le Hezbollah et le Front Polisario.
Les mêmes médias estiment qu’en dehors de ces deux nominations les autres changements «n’indiquent aucun nouveau repositionnement du voisin de l’Est au plan international, puisque les mêmes noms ont été maintenus, notamment à Moscou, Pékin et dans la plupart des pays de l’Europe de l’Est».
Déception donc chez nos voisins de l’Ouest qui espéraient tirer des dividendes des changements réclamés par le peuple en Algérie, des changements internes radicaux qui n’influeront en rien la politique étrangère du pays, fondée sur la défense des causes justes et le principe de non-ingérence dans les affaires internes des Etats.
S. N.
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