Arabisation des enseignes ou quand le pouvoir s’enfonce dans le populisme
Par Houari A. – Après le ballon-sonde lancé, il y a quelques semaines, pour remplacer le français par l’anglais dans l’enseignement supérieur, qui a suscité une vive polémique mais n’a abouti à aucun résultat, le gouvernement Bedoui, obéissant au doigt et à l’œil aux véritables détenteurs du pouvoir, récidive, avec cette fois-ci plus de détermination et de fermeté, en sommant tous les commerçants de respecter strictement l’utilisation prioritaire de la langue arabe dans leurs enseignes.
Le ministère du Commerce, mobilisé à l’occasion, vient d’adresser une «mise en demeure» digne des régimes baâthistes des années 1970, enjoignant aux commerçants de «régulariser» leur situation sous huitaine, faute de quoi «des mesures administratives seront prises à leur encontre, dont celle de la fermeture administrative».
Devant son incapacité à faire face à la révolte populaire et aux défis réels qui attendent le pays, et au lieu de rassurer les citoyens sur la prochaine rentrée sociale qui s’annonce des plus difficiles, en raison de la crise économique et de la hausse du chômage, le pouvoir en place préfère faire à la fois dans la diversion et dans la provocation, à l’effet de diviser l’opinion publique et dresser les Algériens les uns contre les autres. Car on sait que tous les débats sur les questions liées à l’identité et aux langues provoquent des schismes dans la société et empêchent, de fait, toute perspective d’émancipation. On l’a déjà vu lors de la campagne contre le déploiement des drapeaux amazighs dans les manifestations. Tout le monde a compris que le but recherché par une telle opération était de créer la zizanie au sein du mouvement populaire et d’isoler en même temps toute une région du pays, qui est considérée comme le fer de lance de la contestation.
D’une pierre deux coups, le pouvoir cherche également à travers pareil subterfuge à capter une partie des voix, celles notamment des islamistes, supposés sensibles à la politique d’arabisation, dans la perspective des prochaines échéances électorales.
H. A.
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