Crise au RCD : duel à distance entre Mohcine Belabbas et Saïd Sadi
Par Houari A. – Le conflit qui couvait depuis plusieurs semaines entre la direction du RCD et certains cadres du parti, dont au moins deux députés, a fini par éclater au grand jour. C’est Yassine Aïssaoune, député de Tizi Ouzou et ex-chef du groupe parlementaire, qui crève l’abcès en décidant de s’attaquer en public au chef du parti, Mohcine Belabbas et ses proches collaborateurs.
Dans un post publié sur sa page Facebook, jeudi, Aïssaoune accuse ouvertement le président de son parti et son nouveau secrétaire national à la communication, Atmane Mazouz de «se rendre coupables de violations des statuts et du règlement intérieur du RCD». Il leur reproche d’avoir fuité sur les réseaux sociaux un document interne adressé au président du parti par des secrétaires nationaux, des membres du conseil national, des responsables des structures locales et des élus du parti pour exiger un débat sur des décisions et des choix qui, écrit-il, «déstabilisent notre parti depuis des mois». Aissaoune qualifie cet acte de «dérive grave qui s’ajoute à toutes les autres énumérées dans le document en question», en considérant que le RCD «est en voie de liquidation au moment où le pays reprend son projet».
Dans le document fuité, les signataires exigent un débat public sur la conduite du parti en général, en accusant Mohcine Belabbas d’avoir pris des décisions engageant le parti, comme l’alliance avec des partis comme le FFS, le PLD, et signé des déclarations communes avec des islamistes sans jamais s’en référer au parti. Ils lui reprochent également son «silence» suite à l’«agression» dont l’ex-président du parti, Saïd Sadi, avait fait objet lors d’une manifestation populaire à Béjaïa.
Les signataires du document réitèrent leur demande d’ouverture d’un débat interne ; faute de quoi, ils exigeront la tenue d’un congrès extraordinaire du parti.
En filigrane, le conflit se joue entre Mohcine Belabbas et Saïd Sadi qui a, jusque-là, toujours eu son mot à dire au sein du parti, bien qu’il l’ait quitté depuis sept ans. Mais l’éviction, sans ménagement, il y a deux semaines, de trois membres de l’Exécutif réputés proches de l’ex-président, à savoir Yassine Aissaoune, Lila Hadj Arab, et son fils, Meziane Sadi, qui occupait le poste de secrétaire national aux relations extérieures, a mis le feu aux poudres et fait décider les dissidents de porter le conflit sur la voie publique.
H. A.
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