Des citoyens lancent un projet de charte pour une Algérie libre et démocratique
Par Karim B. – Des citoyens ont lancé une pétition sur Internet pour «la refondation nationale qui doit s’ouvrir sur le prolongement démocratique et social». La pétition, qui a déjà gagné l’adhésion de nombreux Algériens, explique, dans son préambule, qu’«en ces heures où le destin de l’Algérie se joue entre les forces du progrès et les nostalgiques des années de plomb agrégés au sein de l’ancien système, les patriotes sont appelés à leurs responsabilités».
Les initiateurs de cette charte notent que «plus qu’un mouvement de contestation, la révolution du 22 Février appelle à la refondation nationale qui doit s’ouvrir sur le prolongement démocratique et social qui a fait défaut après la guerre d’indépendance», pointant «des forces conservatrices issues de l’ancien système» qui «tentent d’en réduire l’ampleur pour revenir à un ordre politique dont elles ont tiré avantage et impunité».
Faisant corps avec les revendications des millions de citoyens qui battent le pavé pour exiger le départ des caciques du système, la pétition rappelle que «la première urgence est de dévoiler les tentatives de dénaturation de cette révolution unique dans les annales des luttes démocratiques du Sud». «Il est donc temps que le système soit effectivement évacué de la scène politique comme l’exigent les manifestants depuis maintenant six mois. En particulier, il est temps que le FLN, l’UGTA ainsi que toutes les organisations de masses soient remisés au musée de l’histoire. Il est temps que les partis du pouvoir soient écartés du processus de transition», insiste la pétition.
«La leçon du Mouvement du 22 Février est que la démocratie est une demande populaire largement partagée», soulignent encore les initiateurs de la charte pour qui «les rares et marginales tentatives de provocations intégristes ont été rapidement et spontanément étouffées par les manifestants eux-mêmes». «Maintenant que les pièges, les intimidations, les arrestations arbitraires et les manipulations sont restés sans effet sur le peuple, il est temps d’engager les démarches qui donneront à la révolution le sens qui traduira enfin en perspective démocratique l’immense sacrifice consenti par notre peuple pendant et après la Guerre de libération», préconisent les auteurs de la pétition, selon lesquels «au-delà de sa consécration nationale, le succès algérien peut aussi avoir un effet d’entraînement sur toute la région nord-africaine, matrice d’accomplissement d’un destin collectif que tout appelle».
Les initiateurs de ce projet démocratique prometteur se disent convaincus que «l’essentiel des acteurs politiques et sociaux admet désormais que la nation doit inscrire son destin dans la démocratie» et que «l’alternance au pouvoir, la séparation des pouvoirs, l’égalité homme/femme, le respect des droits humains, l’identité nationale récupérée, la liberté de culte et de conscience corrélée à la non-politisation du religieux doivent être solennellement consacrés comme fondements de la nouvelle Algérie». «Ces préalables sont un minimum républicain. Ils ne doivent faire l’objet d’aucune concession ; faute de quoi, il faudra se résoudre à sombrer de nouveau dans le cycle des instabilités qui ont fait de l’Algérie le ventre mou de la région nord-africaine».
K. B.
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