Maître Nabila Smaïl à Gaïd-Salah : «Ne parlez pas au nom de l’armée !»
Par Houari A. – L’avocate et militante Nabila Smaïl a dénié au chef d’état-major de l’armée de parler au nom de l’institution militaire, estimant qu’il ne représente que sa personne. «Le chef d’état-major ne représente que sa personne, nous refusons qu’il parle au nom de l’armée», a-t-elle dit.
«Je n’ai jamais de ma vie vu un chef d’état-major menacer le peuple. Lui qui se targue de vouloir respecter la Constitution doit savoir que celle-ci ne lui a confié qu’une seule mission : celle de protéger le peuple et le territoire», a affirmé Maître Nabila Smaïl, lors du 28e vendredi de manifestations. «Mais qui donc viole la Constitution en s’immisçant dans la politique ? C’est lui ! Il est devenu un parti politique qui s’adresse au peuple à partir d’une caserne. Ses discours prononcés en tenue militaire ne nous concernent pas», a souligné l’avocate, ajoutant qu’«on n’a pas enlevé un président soi-disant civil, qui a été imposé par les militaires, pour recevoir des injonctions d’un militaire».
«Le peuple demande à l’armée de protéger le pays, pas de se battre contre le peuple. Cette armée appartient au peuple. Vous ne réussirez pas à créer un conflit entre le peuple et l’armée», a encore relevé Me Nabila Smaïl, qui a expliqué que la marche de ce vendredi «est une réponse au discours qui nous traite de traîtres et qui nous accuse d’exécuter une feuille de route dictée à partir de l’étranger. Ceux qui tiennent ce genre de discours font une projection sur nous, en ce sens que ce sont eux les traîtres qui appliquent sur nous une feuille de route imposée par l’extérieur, qui privent nos enfants de leur liberté, qui jettent un commandant de l’ALN en prison, bien qu’ils sachent qu’il est malade et qu’il a décidé de mourir en prison pour donner sa vie à la Révolution du 22 Février».
«Le peuple refuse de voter avec un système mafieux, il refuse d’aller aux urnes avec les lois de Bouteflika, il ne veut pas aller aux élections avec le Parlement de Bouteflika», a fait savoir l’avocate qui a fait observer que «nous assistons à un défilé de ministres, de directeurs, de chefs de gouvernement devant le juge, alors que ceci est le schéma d’une guerre que mène un clan contre un autre clan». Pour elle, «cette guerre entre deux clans ne nous concerne pas». «Deux clans qui étaient assis à la même table en train de couper le même gâteau qu’est l’Algérie. Ces deux clans étaient alliés contre le peuple mais, aujourd’hui, le peuple est réuni contre eux deux», a-t-elle indiqué, en soutenant que «le peuple est sorti dans la rue pour balayer le système qui a gouverné depuis l’indépendance, parce que ce système se régénère, un clan remplace un autre».
Au sujet du panel, Maître Nabila Smaïl a dit que «Karim Younès a été désigné par un président illégitime». Le pouvoir, a-t-elle encore dit, «nous oppose la Constitution, alors qu’il est le premier à l’avoir piétinée», expliquant que «la Constitution n’est plus valable depuis le 9 juillet dernier» car «depuis cette date, il (le pouvoir) est entré dans une période de transition de facto et de façon unilatérale». «Si nous acceptons des élections avec la Constitution de Bouteflika, cela voudra dire que nous avons replacé Bouteflika au pouvoir», a ajouté l’avocate qui a appelé les membres du panel à ne pas «salir» leurs familles en «ayant choisi de trahir le peuple qui les rejette».
H. A.
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