Hamrouche met en garde : «Le système va finir par briser la cohésion de l’ANP»
Par Mounir Serraï – L’ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, met en garde contre les conséquences de l’entêtement du pouvoir à maintenir le système en place. «Ce système, que certains veulent préserver coûte que coûte, n’a pas assuré l’édification de l’Etat, l’efficience du gouvernement, l’administration du pays et son développement. Mais il a réussi à empêcher le projet Algérie de devenir une réalité et le pays d’être un tigre économique. Il a fait échouer toutes les options, tous les choix et tous les projets industriels. Bien pire, il a compromis, ces dernières années, des hauts gradés de l’armée dans des malversations et des complots», écrit Mouloud Hamrouche dans une contribution publiée dans les journaux El-Watan et El-Khabar.
Décrivant le système algérien, Hamrouche estime qu’il n’a d’équivalent nulle part au monde. «Le système algérien n’est pas un modèle et ne ressemble à aucun autre. C’est un non-système appelé système pour indiquer ses complexes négations. C’est un système liberticide, antipolitique, anti-militance, anti-gouvernance, anti-institutions, anti-organisation et antinational», souligne-t-il, estimant que «c’est pour toutes ces raisons qu’il a anéanti l’embryon de l’Etat, fruit de la Guerre de libération nationale, annihilé la loi et détruit la gouvernance». Mouloud Hamrouche poursuit en considérant que «pour sa survie, il (le système, ndlr) finira par briser la cohésion de l’ANP». «Les hommes et les femmes de l’ANP évalueront mieux que moi le degré de cette menace», a-t-il relevé.
Pour lui, «demander aujourd’hui l’organisation au plus vite des élections apparaît comme une logique froide de raison». Car, il n’y a pas que la question des conditions d’organisation des élections et ses conséquences. Il y a aussi, selon lui, «l’exigence de la séparation de l’Etat, sa pérennité et la stabilité de la vie d’un Exécutif. Les conditions de la légitimation du gouvernement, de son fonctionnement, de son évaluation et de son remplacement demeurent, elles, tributaires des réseaux qui contrôlent aujourd’hui des administrations gouvernementales et locales et qui possèdent de vrais relais clientélistes». «Ils manœuvreront pour bloquer la volonté des Algériens ou à défaut la faire dévier», prévient-il.
Mouloud Hamrouche s’interroge également sur la force et la légitimité dont disposera le futur Président «élu». «Certes, la Constitution actuelle lui confère tous les pouvoirs, mais sans aucun mécanisme opératoire. Toutes ses décisions dépendront du soutien ou non des réseaux du système». L’ancien chef de gouvernement appelle à «arrêter de fabriquer des fictions et des promesses mensongères», à arrêter de «parler de faux conflits et de fausses solutions», à cesser de «prêter oreille et crédit à des suggestions d’experts, groupes et autres think tanks, même si elles sont utiles et éclairantes parfois», car, argue-t-il, «elles ne seront jamais pertinentes et déterminantes».
«Seul l’Etat national démocratique et social respectueux des valeurs de l’islam défendra les Algériens, leur liberté et leurs droits. Il délégitimera toute tentative d’immixtion ou droit d’ingérence au nom de l’humanitaire, de religion, de minorité ou de population en danger. L’embryon actuel de l’Etat et l’armée ne seront pas en mesure de l’assurer sans le peuple et l’ensemble de ses constituants», prévient-il, affirmant que «le choix n’est pas et ne doit pas être entre le système ou le chaos, mais entre le système et une Algérie meilleure. Pour cela, le peuple est en processus constituant tous les vendredis et sa jeunesse estudiantine tous les mardis depuis plus de six mois. Un mouvement un et indivisible».
M. S.
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