Première scission entre Ali Benflis et le pouvoir : Gaïd-Salah perd son atout ?
Par Kamel M. – Le président de Talaie El-Houriyet s’oppose au caractère permanent conféré à l’autorité que le pouvoir veut charger de surveiller la présidentielle imposée par le commandement de l’armée. Ali Benflis veut que celle-ci soit dissoute dès après l’élection à laquelle il veut vraisemblablement prendre part en dépit de son rejet par l’écrasante majorité des citoyens.
L’ancien candidat malheureux aux présidentielles de 2004 et 2014 va-t-il lâcher le pouvoir auquel il sert d’alibi dans son approche unilatérale de sortie de crise ? Ali Benflis semble avoir compris les véritables intentions des décideurs actuels qui, par leur persistance à vouloir contrôler aussi bien la présidentielle que les échéances qui suivraient, démontrent qu’ils comptent bien pérenniser le régime dont ils sont les symboles.
Piégé par ses «alliés», l’ancien chef de gouvernement a estimé, dans sa réponse au pouvoir via le panel créé par l’armée, que «l’institution d’une autorité permanente chargée de tous les scrutins, pour laquelle il faut beaucoup de temps, ne peut être conçue sauf dans le cadre des réformes constitutionnelles et institutionnelles à engager impérativement par le prochain président de la République démocratiquement élu». «Il est indispensable, en cette conjoncture, de créer une autorité électorale indépendante ad-hoc uniquement pour la prochaine élection présidentielle, laquelle sera chargée exclusivement d’organiser, de superviser, de surveiller et de suivre l’élection présidentielle et dont la mission s’achèvera dès la publication du rapport relatif au déroulement de cette élection et dans les comptes financiers de la campagnes électorale des candidats», a-t-il insisté. Ali Benflis s’oppose aussi à l’amendement de la législation électorale, estimant qu’il lui était «difficile d’accepter» cette «démarche».
Un refus en des termes tempérés certes, mais qui cachent mal la scission qui vient de se produire entre le pouvoir et un «atout» qu’il compte jouer pour légitimer une élection rejetée par les millions de citoyens qui manifestent depuis plus de six mois.
Premier couac donc entre celui qui est perçu comme le potentiel candidat du système à la prochaine présidentielle et les tenants du pouvoir actuels. Ali Benflis a sans doute compris que Gaïd-Salah lui a coupé l’herbe sous les pieds et qu’il veut ainsi l’utiliser pour assurer ses arrières faute de pouvoir pérenniser le système dont il est le parrain.
K. M.
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