Mokri : «Tous les responsables de l’Etat étaient soumis à Saïd Bouteflika !»
Par Kamel M. – Le président du MSP a crevé l’abcès en répondant à une question du journal El-Khabar sur une supposée convocation dont il aurait fait l’objet par le Tribunal militaire de Blida dans le cadre des contacts que le frère de l’ex-président Bouteflika avait eus avec un certain nombre de personnalités emprisonnées. «Pourquoi tout ce boucan autour de Saïd Bouteflika ? Tous ceux qui nous gouvernent aujourd’hui rencontraient Saïd Bouteflika et j’étais le seul qui le rencontrais pour lui dire qu’[ils] devaient quitter le pouvoir et que nous allions les y aider, et ceci bien avant le hirak», a affirmé Abderrazak Mokri dans un entretien au quotidien arabophone. «Tous les responsables au sein de l’Etat recevaient leurs ordres de Saïd Bouteflika. Qui aurait le courage aujourd’hui de me reprocher de lui avoir dit, quand tout le monde lui était soumis, que nous voulions qu’il parte pour le bien du pays ?», a-t-il défié.
«Nous étions clairs avec eux, en ce sens que nous étions contre le cinquième mandat, contre le transfert du pouvoir au frère du président et contre le remplacement de Bouteflika par un homme du système. Nous voulions aider à mettre fin à l’ère Bouteflika», a expliqué le chef de file du MSP qui a justifié son «éclipse» de la scène politique ces derniers temps par «l’absence regrettable de volontés sincères pour le consensus et la transition démocratique». «C’est pour cela que nous avons décidé de prendre du recul pour évaluer la situation», a-t-il dit.
Mokri a indiqué que la rumeur sur sa prétendue convocation par le Tribunal militaire de Blida était propagée «dans le cadre de la concurrence [politique] et par des courants laïcs et même islamistes parce qu’ils sont convaincus que le MSP est un mouvement puissant et a de grandes chances de remporter n’importe quelle élection pour peu qu’elle soit honnête. Au lieu de chercher le consensus, ces courants sont entrés dans le jeu de la concurrence et croient qu’ils peuvent affaiblir le MSP à travers ces pratiques immorales».
Explicitant les propositions que son parti avait faites au frère de l’ex-président, Abderrazak Mokri rappelle que le MSP avait suggéré que le futur Premier ministre après la démission de Bouteflika devait être issu de l’opposition et conduire la transition démocratique. «Notre proposition à ce moment-là était fondée sur le rapport de force qui prévalait. Les Algériens n’étaient pas encore disposés à occuper la rue. Mais quand le peuple a décidé de manifester, notre position a changé radicalement parce que la parole était désormais au peuple qui a pris ses responsabilités», a argué le président du MSP qui prédit des conséquences dramatiques pour le pays au cas où la situation «redevenait comme avant» et où «les Algériens rentraient chez eux et cessaient de manifester». «Les élections seraient à nouveau trafiquées, les opportunistes reviendraient sur le devant de la scène et cette hypothèse n’est pas à exclure», a confié Mokri en s’interrogeant : «Allons-nous arrêter de militer dans ce cas ?». «Au contraire, a-t-il objecté, nous continuerons d’agir car cela est au cœur de notre projet».
Rejoignant les propos d’Abdelaziz Rahabi au sujet du Forum pour le dialogue national, Abderrazak Mokri a confirmé que des parties ont saboté cette initiative. «Je n’ai pas de réponse précise sur le sabotage de l’initiative issue de la rencontre d’Aïn Benian, mais il est certain que celle-ci a été court-circuitée. Nous voulions que Rahabi parle en notre nom et porte notre projet à toutes les institutions de l’Etat, mais cette démarche a malheureusement été avortée», a-t-il révélé, sans donner plus de détails sur les auteurs de ce torpillage.
K. M.
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