Analystes et médias étrangers : «Le général Gaïd-Salah n’est qu’un fusible»
Médias et observateurs internationaux sont de plus en plus sceptiques quant à la place réelle qu’occupe le chef d’état-major sur l’échiquier politique actuel en Algérie. Perçu comme l’homme fort du régime et de l’armée qu’il dirige encore du haut de ses quatre-vingts ans, Gaïd-Salah suscite néanmoins de plus en plus d’interrogations sur son rôle.
Le journal français La Croix s’est posé cette question, en rappelant le parcours de celui dont la «carrière prend une nouvelle dimension après le limogeage du général Mohamed Lamari (…) en 2004, alors qu’il est promis à une paisible retraite» et qui «accompagnera dès lors Abdelaziz Bouteflika fidèlement», plaidant «encore pour le cinquième mandat d’un président qui n’était que l’ombre de lui-même depuis son AVC d’avril 2013».
Le journal qualifie cette «destinée» de «surprenante», d’autant que l’ancien ministre de l’Economie Ghazi Hidouci a affirmé qu’il était «intellectuellement très limité», dans une tribune publiée le 2 septembre dernier par la Fondation Frantz-Fanon, rapporte La Croix.
Reprenant l’analyse d’un observateur, le journal écrit que Gaïd-Salah est un «fusible qui pourrait sauter», que «sa longévité n’est pas signe de pouvoir» et que «sa surexposition permet de cristalliser le mécontentement sur sa personne». L’observateur interrogé par le journal est convaincu que Gaïd-Salah finira par être sacrifié par ceux qui le manipulent «pour satisfaire une revendication du mouvement de contestation et mieux préserver le système militaire en place».
La politologue Dalia Ghanem-Yezbeck partage le même avis, toujours selon La Croix, qui note qu’«elle aussi juge probable que Gaïd Salah soit sacrifié, ce qui permettrait de préserver le capital de confiance dont jouit toujours l’armée».
Le dernier discours du chef d’état-major a été interprété par de nombreux analystes comme un aveu d’échec, voire comme un discours d’adieu. D’aucuns estimant qu’il commence à saisir le degré de détermination des citoyens de plus en plus nombreux à exiger son départ au même titre que tous les autres symboles du système Bouteflika, mais aussi les sérieuses inquiétudes des partenaires étrangers de l’Algérie qui constatent, perplexes, l’enlisement de la crise politique et son impact néfaste sur la sphère économique.
Gaïd-Salah est considéré comme le principal facteur de blocage qui empêche une sortie de crise et son entêtement à refuser de lâcher les manettes du pouvoir en dépit de son rejet par les millions de manifestants qui le vilipendent chaque mardi et vendredi risque de mener le pays vers une confrontation aux conséquences désastreuses. Son départ souhaité par tous semble imminent, prédit-on.
K. M.
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