Grande inquiétude des firmes étrangères impactées par la crise en Algérie
Si les officiels français évitent toujours, par calcul ou par crainte d’irriter Alger, de commenter ouvertement la situation qui prévaut en Algérie, la presse parisienne met en garde depuis quelque temps contre la poursuite de la crise politique et, surtout, contre ses retombées néfastes sur les intérêts économiques de l’Hexagone qui s’en trouvent ainsi fortement touchés.
C’est le cas du quotidien Le Monde qui, dans un article paru dans son édition de samedi, s’alarme sur la persistance du blocage politique qui alimente la paralysie de l’activité économique en Algérie et inquiète, au plus haut point, les investisseurs tant nationaux qu’étrangers. Ces difficultés économiques pourraient même, selon le journal, de «changer le visage de la contestation», prévoyant ainsi des dérives vers la violence, dont la reprise des actions radicales de protestation – routes et autoroutes coupées dans certaines régions – est un signe probant.
Pour le journal qui cite des experts, «le tableau dressé par le FMI montre que la situation économique se dégrade inexorablement : les réserves de change sont passées de 194 milliards de dollars en 2013 à 72 milliards en avril 2019. Ce qui reste pourra couvrir à peu près treize mois d’importations alors que l’Algérie importe 70% des produits qu’elle consomme», lit-on.
Cette situation touche également de plein fouet les joint-ventures. Selon l’enquête du Monde, la coentreprise Fertial, un producteur de fertilisants qui compte parmi ses actionnaires l’espagnol Grupo Villar Mir et comme actionnaire Ali Haddad, n’est plus en mesure de payer ses fournisseurs et ses 1 300 salariés depuis le mois d’août. «Le problème, écrit ce journal, ce sont les comptes gelés, bien davantage que les arrestations de dirigeants, car les entreprises visées ont une place importante dans l’économie algérienne et leur paralysie bloque des pans entiers de l’activité du pays».
D’après Le Monde, les investissements français en Algérie, qui ont atteint 283 millions d’euros en 2018 (un record depuis 2009), devraient fortement baisser en 2019. «Signe du ralentissement, les exportations et les importations algériennes ont baissé respectivement de 1,86% et de 5,32% sur les cinq premiers mois de l’année par rapport à la même période de l’année précédente», note le quotidien français.
On apprend aussi que les entreprises étrangères les plus touchées par la crise algérienne sont les banques qui détiennent des créances dans les entreprises dont les comptes ont été gelés. «Si les banques françaises ne se partagent que 10% des parts de marché des banques étrangères dans le pays, elles sont quand même exposées à hauteur de plusieurs centaines de millions d’euros». Selon un analyste financier cité par le journal, le gel des comptes de plusieurs entreprises clientes «va être provisionné progressivement dans le bilan des banques, mais ces provisions pourraient vite devenir insoutenables si la situation s’éternise».
M. K.
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