Tliba et Djemaï bientôt jugés : le régime acculé à sacrifier ses propres pions
Par Mohamed K. – De toutes les demandes de levée de l’immunité parlementaire introduites auprès de l’APN ou du Sénat, celle visant depuis lundi le député et homme d’affaires Baha-Eddine Tliba est sans doute la plus controversée. Non pas qu’il soit au-dessus de tout soupçon, mais parce que l’opinion publique avait toujours jugé que l’homme était protégé par une certaine impunité due à sa proximité avec les tenants du pouvoir actuel.
D’aucuns estiment que cette décision, annoncée déjà depuis quelques jours, vise à donner l’impression que la justice fait son travail de façon aussi implacable que rigoureuse et que la loi reste au-dessus de tous. C’est, relève-t-on, l’objectif recherché par l’inculpation d’un homme longtemps assimilé à un clan au pouvoir qui l’avait aidé à se propulser à de hautes responsabilités politiques au sein du FLN et au Parlement.
Soupçonnée d’être instrumentée dans une campagne de règlement de comptes qui a abouti à l’incarcération d’un certain nombre d’hommes politiques et d’investisseurs proches du régime Bouteflika et d’être asservie au profit de l’actuel pouvoir dans ses tentatives de juguler le mouvement de protestation citoyen, qui déferle depuis sept mois et qui réclame le départ de tous les symboles du système, la justice aura ainsi démontré qu’elle ne serait pas aussi subordonnée au pouvoir qu’on ne le dit. Face à une opinion désabusée, le pouvoir en place n’avait plus, en fait, d’autre choix que de sacrifier quelques figures controversées parmi ses plus fidèles alliés.
Le lâchage de Mohamed Djemaï et de Baha-Eddine Tliba par leur mentor, le général Gaïd-Salah, conforte la thèse selon laquelle le régime sacrifiera autant de boucs-émissaires qu’il faudra pour se maintenir au pouvoir.
M. K.
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