Dangereux pyromanes
Par Houari A. – Intervenant dans un contexte politique extrêmement sensible, l’agression à l’arme blanche qui a visé l’avocat Salah Dabouz, une figure de proue du Mouvement de contestation populaire, qui s’est illustré ces derniers mois par une présence permanente dans toutes les luttes politiques et, surtout, sur le terrain de la défense des droits de l’Homme, contribue à envenimer davantage le climat et à créer des tensions propices à des dérives violentes, notamment dans la région du M’zab où une simple étincelle peut ranimer rapidement le feu de la haine interconfessionnelle et interethnique qui a déjà fait près de trente morts en 2015. Qui a donc intérêt à voir cette région plonger dans un nouveau cycle de violence ?
Ami et avocat de feu Kamel-Eddine Fekhar, décédé en détention le 28 mai dernier suite à une grève de la faim, Maître Salah Dabouz avait lui-même lancé une action similaire pour contester le harcèlement judiciaire dont il est victime. Il est aussi très actif au sein des collectifs de défense des manifestants arrêtés pendant les manifestations populaires.
Il n’est donc pas à exclure que les commanditaires de cette agression ignoble visent à creuser les clivages régionalistes et idéologiques déjà exploités pour essayer de diviser le Mouvement populaire et le détourner de son caractère pacifique en provoquant des foyers de tension loin de la capitale pour éviter que la situation échappe à ceux qui ont intérêt à ce que le Hirak faiblisse par le fait de violences qui décourageraient les citoyens à poursuivre les manifestations contre le régime en place.
Deux agressions à l’arme blanche à quelques jours d’intervalle et dans deux villes différentes du pays, cela ne peut pas être le fruit du hasard. Quelqu’un cherche à mettre le pays à feu et à sang. Et ce ne peut évidemment pas être le Mouvement populaire qui a fait du caractère pacifique de sa révolte un principe immuable pour en finir avec le système corrompu hérité de Bouteflika et entretenu par ses symboles accrochés au pouvoir.
H. A.
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