Les «moucherons» derrière la rumeur sur le «décès» d’Athmane Ariouet ?
Par Kamel M. – La rumeur sur le prétendu décès du géant de l’humour algérien Athmane Ariouet était facile à démentir. Le concerné n’avait même pas besoin de le faire lui-même, tant son immense notoriété aurait fait que le quartier populaire de Bab Ezzouar, à l’est de la capitale, où il a choisi de vivre parmi les gens modestes, aurait été envahi par les millions de fans qui lui portent une incommensurable estime.
Mais qui a distillé cette rumeur infâme sur les réseaux sociaux le jour où des millions de manifestants ont battu le pavé à travers les quarante-huit wilayas dans des marches auxquelles le pouvoir en place a imposé un blackout total ? Qui a tenté de détourner l’attention de l’opinion publique des marées humanes qui ont déferlé dans les rues de toutes les villes du pays pour exiger le départ des symboles de l’ère Bouteflika et exprimer leur rejet catégorique de toute élection qui serait organisée sous le régime actuel ?
Athmane Ariouet est sans doute l’icône du cinéma algérien qui restitue le mieux les tares du système politique que les citoyens veulent voir disparaître à jamais. Ses répliques dans le fameux «Carnaval fi dechra» (carnaval dans une bourgade), tourné au début des années 1990, est d’une brûlante actualité. Si bien qu’à ce jour, et près de trente ans après sa diffusion par la Télévision publique algérienne, ouverte à la critique à l’époque, les scènes de ce chef-d’œuvre foisonnent sur les réseaux sociaux, mises au goût du jour pour les adapter à des situations présentes. Athmane Ariouet y paraît comme un visionnaire, caricaturant avec un talent sans pareil les bureaucrates zélés et les responsables corrompus.
Bien qu’absent des écrans depuis «Le clandestin», un autre film d’anthologie dans lequel il a joué le rôle du loustic exubérant, Athmane Ariouet, ou «El-Hadj» comme aiment à l’appeler ses voisins, dérange même loin des feux de la rampe. Sa réputation le poursuit jusque dans sa retraite forcée et donne des cauchemars aux décideurs qui se voient ainsi parodiés par les internautes qui superposent les piques du comédien sur les interventions des détenteurs du pouvoir depuis de longues années, au grand bonheur des Algériens qui se surprennent à revoir à chaque fois une version actualisée des objurgations de l’artiste qui n’ont pas perdu ne serait-ce qu’une once de leur pertinence.
Athmane Ariouet est bel et bien en vie. Il l’a confirmé lui-même hier soir. Tant mieux pour les millions d’Algériens qui l’aiment et l’admirent et tant pis pour ceux qui ont essayé en vain de se servir de sa célébrité pour faire oublier le raz de marée populaire de ce vendredi.
Longue vie, l’artiste !
K. M.
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