Déraciner les régimes
Par Mohamed K. – Les manifestations populaires en Egypte contre le régime militaire du maréchal Abdelfattah Sissi se sont amplifiées à travers plusieurs villes du pays, ce qui montre le degré d’impopularité du raïs qui, malgré le soutien massif des monarchies du Golfe et de l’appui des Etats-Unis, a, de l’avis de tous les observateurs, échoué dans sa conduite politique.
L’échec de Sissi vient rappeler, avant tout, l’incapacité des régimes militaires à s’accommoder de la démocratie et à assurer une stabilité durable dans des pays aussi complexes que l’Egypte ou l’Algérie.
Par ailleurs, l’explosion populaire qui a secoué le pays des Pharaons, depuis vendredi, montre la très grande influence qu’exercent les réseaux sociaux sur la population face aux moyens de communication classiques. Aussi le rôle joué par un militant politique en exil, Mohammad Ali, dans cette seconde révolution égyptienne achève-t-il de déclasser définitivement les différents partis politiques largement phagocytés par le pouvoir en place.
Avec le soulèvement égyptien, le Mouvement de contestation populaire en Algérie est désormais perçu comme l’action qui, par son caractère pacifique, fera chuter les régimes dictatoriaux dans plusieurs pays de la région, après l’échec du «printemps arabe». Les Algériens, qui avaient suivi la vague d’insurrections explosives de janvier 2011 et avaient fait promettre à l’ancien président Bouteflika de quitter le pouvoir, ont compris que non seulement la violence n’est pas le meilleur moyen d’écarter les dictateurs, mais aussi, et surtout, que le non-recours à la violence accule les tenants du pouvoir rendus ainsi incapables de faire sortir l’armée sur laquelle ils s’appuient pour se maintenir.
D’autres peuples suivront l’exemple algérien dans les pays où le «printemps arabe» a subi le même échec qu’en Algérie mais qui n’ont pas sombré dans une désastreuse guerre civile comme en Libye, en Syrie et au Yémen. Les Algériens ont montré la voie. Leur victoire proche sera le déclic qui libérera le Maghreb et le Moyen-Orient de leurs indéracinables dirigeants réactionnaires.
M. K.
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