Les révélations du Point sur l’influence exercée par les Emirats sur Gaïd-Salah
Par Mohamed K. – L’implication du prince héritier d’Abu Dhabi et ministre de la Défense des Emirats arabes unis, Mohammed Ben Zayed, dans le projet d’instauration d’une dictature militaire en Algérie est de plus en plus flagrante.
L’hebdomadaire français Le Point est revenu dans une enquête sur ce rôle d’«empereur» du monde arabe que Ben Zayed partage avec son alter égo saoudien, le prince héritier Mohammad Ben Salmane. Conduisant ce qui est communément appelé la «contre-révolution», ce prince zélé est derrière le retour de tous les régimes autoritaires ou militaires ayant survécu aux «printemps arabes» de 2011. En Algérie, les enquêteurs du Point croient savoir que le prince héritier d’Abu Dhabi «entretient des liens étroits avec le chef d’état-major de l’armée, Gaïd-Salah, qui effectue de nombreuses visites à Abu Dhabi et dont les manifestants réclament le départ».
Aussi bien Le Point que d’autres médias relèvent l’existence d’intérêts étroits en Algérie qui pousseraient la famille régnante d’Abu Dhabi à vouloir maintenir Gaïd-Salah au pouvoir et à sauvegarder le rôle dominaant joué par l’armée dans le pays. En toile de fond de cette ingérence qui ne dit pas son nom, des marchés qui se chiffrent en milliards de dollars passés par le régime Bouteflika, soutenu par son chef d’état-major, avec les émirs de cet Etat du Golfe qui craint de perdre le contrôle qu’il avait commencé à exercer sur des pans entiers de l’économie nationale, notamment le très stratégique secteur du transport maritime à travers ses société portuaires ainsi que l’industrie automobile et militaire.
Echaudé par son statut d’interlocuteur «privilégié» de l’administration américaine, et se croyant investi de la mission de «remodeler» le Grand Moyen-Orient, Mohamed Ben Zayed ne s’encombre d’aucun scrupule pour s’immiscer dans les affaires internes aux pays de la région. C’est ainsi qu’au nom de la lutte contre l’islam politique, il a soutenu financièrement la candidature de Béji Caïd Essebsi en 2014 pour faire barrage au mouvement Ennahdha, supposé proche des Frères musulmans, et du Qatar, ennemi juré des Emirats arabes unis.
En Libye, il soutient militairement et financièrement l’offensive menée par le maréchal Khalifa Haftar pour s’emparer du pouvoir et y instaurer un régime militaire. En Egypte, il a apporté un soutien financier clé à un autre maréchal, Abdelfattah Sissi, dont l’autorité est contestée depuis quelques jours par de nouvelles manifestations populaires qui réclament son départ. Au Soudan, Mohmmad Ben Zayed est soupçonné d’avoir été le principal instigateur de la destitution, en avril dernier, du président Omar El-Béchir, pour installer à sa place un Conseil militaire transitoire.
Plus offensive encore, son intervention militaire au Yémen est à l’origine d’un désastre humanitaire, où l’armée émiratie, à la solde de Ben Zayed, s’est distinguée par une sauvagerie sans égal, rappelle le magazine parisien.
M. K.
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