Une source : «Le conflit entre Benflis et Tebboune est un jeu de rôle grotesque»
Par Houari A. – Le premier «accrochage» entre Ali Benflis et Abdelmadjid Tebboune, deux candidats du même système, «vise à pimenter la campagne électorale avant l’heure», a indiqué une source informée à Algeriepatriotique. «Sachant le jeu fermé et les dés pipés, les citoyens tourneront le dos à une élection imposée à partir d’une caserne, et le pouvoir en place tente de donner à sa démarche une signification en simulant une compétition réelle entre des prétendants à la succession de Bouteflika, quitte à inventer une guerre ouverte entre les lièvres», ajoute notre source.
Ali Benflis a estimé que la candidature de l’ancien ministre de l’Habitat sous Bouteflika signifiait un «cinquième mandat sous un autre nom», ce à quoi Abdelmadjid Tebboune a répondu que l’heure n’était pas à la polémique et qu’en sa qualité d’économiste il mettrait l’accent sur cet aspect de la crise dans «son» programme électoral. Le chef du gouvernement, qui avait été limogé par Bouteflika moins de trois mois après sa nomination, s’est engagé à «garantir la liberté de la presse» et à «poursuivre la lutte contre la corruption», sans pour autant dénoncer les arrestations arbitraires, l’instrumentation de la justice et la censure des médias par son mentor.
Abdelmadjid Tebboune compte sur cet épisode furtif de sa longue carrière à l’ombre du système Bouteflika pour effacer cette tare. L’accrochage entre lui et son «collègue» du Palais du gouvernement est censé le booster dans un jeu de rôle confié par l’état-major de l’armée à deux pions qui baliseront le terrain devant Gaïd-Salah avant son retrait – uniquement en raison de son âge avancé – de la vie politique brouillonne à laquelle il s’essaye sur le tard fort maladroitement.
«La tentative d’atténuer la colère des citoyens contre le chef de l’armée, en accélérant le processus électoral et en affichant les candidats soi-disant sérieux parmi les quelque quatre-vingt figurants qui se sont rués vers le siège du ministère de l’Intérieur pour briguer la candidature suprême, est une mise en scène grotesque», observe notre source, convaincue que «d’autres figures de proue du système Bouteflika sortiront de l’ombre dans les jours à venir pour apporter leur pierre à l’édifice pseudo-démocratique que Gaïd-Salah veut bâtir à l’ombre des canons».
«La sortie de Benflis n’est pas faite pour lui faire reconquérir une estime auprès de l’opinion publique très remontée contre lui», souligne notre source. «Le seul fait de participer à une élection présidentielle rejetée par les millions d’Algériens, en se murant dans un silence coupable sur les graves abus du pouvoir de fait, l’a définitivement disqualifié auprès du peuple qui ne manquera pas de l’aligner chaque vendredi aux côtés de ceux dont il se prête au jeu malsain et dangereux pour le pays», relève encore notre source qui se dit «très pessimiste» quant à la suite des événements.
H. A.
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