Le pouvoir paniqué étend la répression aux journalistes des médias étrangers
Par Mohamed K. – Après la vague d’arrestations qui a déjà touché des dizaines de manifestants, de militants et d’animateurs du Hirak, les autorités s’en prennent, depuis quelques jours, avec autant de brutalité aux professionnels de la presse qui osent couvrir les événements et rapporter les faits avec objectivité et sans passer par la censure officielle.
Les plus visés sont les correspondants des chaînes de télévision panarabes. Ainsi, en mois d’une semaine, les correspondants accrédités de trois chaînes d’information connues, Al-Mayadeen, Al-Araby et Al-Arabiya, ont fait l’objet de harcèlements policiers ou judiciaires qui dénotent à quel point la présence de médias étrangers dans la conjoncture actuelle est indésirable en Algérie. Car, la diffusion à grande échelle des images de manifestations monstres rejetant l’agenda politique officiel disqualifie le pouvoir aux yeux de l’opinion internationale et, plus grave, risque de faire réagir les grandes capitales qui continuent, jusqu’ici, à observer le silence.
La première victime de cette répression méthodique contre la liberté de la presse a été le correspondant de la chaîne libanaise Al-Mayadeen, Sofiane Merrakechi qui, arrêté dimanche dernier dans son bureau à Alger, se trouve aujourd’hui incarcéré à la prison d’El-Harrach. Selon des sources concordantes, il est accusé d’avoir loué ses équipements à d’autres chaînes étrangères, dont Al-Jazeera et France 24, pour réaliser des directs à partir d’Alger. Il est en même temps poursuivi pour «incitation à attroupement».
Par ailleurs, nous apprenons que le correspondant de la chaîne du groupe Al-Araby (basé à Londres qui publie également un quotidien, Al-Araby Al-Jadid) s’est vu, depuis hier vendredi, retirer son accréditation officielle en Algérie. Cette interdiction survient, selon le quotidien Al-Araby Al-Jadid, suite à la diffusion, par cette chaîne, d’un reportage sur le mouvement populaire algérien où apparaissent des banderoles hostiles au chef de l’armée.
Durant la même journée du 32e vendredi de protestation populaire en Algérie, le correspondant et le cameraman de la chaîne à capitaux saoudiens et basée à Dubaï, Al-Arabiya, ont été arrêtés pendant les manifestations à Alger et retenus dans un commissariat durant de longues heures avant d’être relâchés.
M. K.
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