Menace larvée
Par Mohamed K. – En parlant de «maîtrise effective sur le terrain et le déploiement total et étudié des différentes forces de sécurité sur tout le territoire national» le jour du scrutin qu’il veut imposer aux Algériens, Gaïd-Salah ne dit pas ouvertement que l’armée sera impliquée dans ce «déploiement total et étudié des différentes forces de sécurité».
Logiquement, l’armée fait partie des forces de sécurité et en est même la locomotive. Mais, comment l’imaginer se mêler dans une tâche relevant traditionnellement d’autres forces de sécurité, à savoir notamment la police et la gendarmerie, comme la sécurisation des bureaux de vote, par exemple ? A moins que, d’ici là, des dispositions sécuritaires exceptionnelles soient prises pour réprimer les citoyens qui rejettent la feuille de route du commandement de l’armée et le font savoir tous les vendredis dans des marches de plus en plus nombreuses.
Au rythme où vont les manifestations opposées à ces élections dont le résultat est connu d’avance, il faut bien s’attendre à des affrontements le jour du vote, dans le cas où le scrutin serait maintenu à la date prévue et avec les dispositifs mis en place ces dernières semaines, eux aussi rejetés massivement par les millions de citoyens qui battent le pavé depuis sept mois.
Il apparaît clair que dans un tel scénario, le pire est à craindre, c’est-à-dire une confrontation aussi inédite que fatale entre l’armée et le peuple. Des hommes politiques avisés ne cessent d’avertir contre un basculement dangereux dans la violence, tout en imputant toute la responsabilité aux tenants du pouvoir qui s’obstinent à organiser ces élections sans réunir les conditions favorables et faire, au contraire, dans l’escalade, avec l’intensification des arrestations dans les rangs des militants politiques et, plus récemment, des journalistes.
M. K.
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