Vingt véhicules escortent un ministre : quand le pouvoir craint le peuple
Par Houari A. – Pas moins de vingt véhicules ont escorté le ministre de la Santé qui s’est rendu à Tamanrasset hier, dans une visite programmée dans l’urgence par le pouvoir afin d’atténuer la colère qui gronde dans le Grand Sud. Des citoyens s’étaient rassemblés devant l’hôpital, encerclés par la police, pour dénoncer le régime et inviter le membre du gouvernement indésirable à quitter la wilaya.
Le pouvoir tente de calmer les esprits après le terrible drame qui a coûté la vie à sept nourrissons à Oued Souf, dans le sud-est du pays. Mais les déplacements des ministres devenant impossibles dans le contexte de révolte actuel contre les résidus du système Bouteflika, le chef de l’armée a mobilisé les services de sécurité pour assurer aux représentants de l’administration centrale un semblant de présence sur le terrain.
Ce qui s’est passé à Tamanrasset hier et, auparavant, dans toutes les régions où des membres du gouvernement ou du panel de Karim Younès s’étaient déplacés et les mesures prises par Gaïd-Salah pour contrer la contestation des populations locales, qui manifestent leur refus d’être représentées par un pouvoir illégitime, donne un avant-goût de ce que sera l’élection présidentielle imposée par l’armée pour le 12 décembre prochain. Persévérant dans sa logique de confrontation, Gaïd-Salah exhibe ses muscles, en faisant escorter ses ministres par un cortège de véhicules tout-terrain appartenant aux services de l’armée. Ce n’est donc plus à la police et à la gendarmerie qu’échoit cette mission de maintien de l’ordre et de sécurisation des visites officielles.
Par ailleurs, de nombreux observateurs s’interrogent sur l’utilisation abusive des moyens de l’Etat, payés par le contribuable, pour le déplacement d’un ministre dont le véritable but est de refléter la fausse image d’un Etat qui continue de fonctionner «normalement» et d’un gouvernement qui serait habilité à assumer ses fonctions en dépit de son rejet par l’écrasante majorité du peuple.
H. A.
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