Le cacique Abdelkrim Abada courtise Gaïd-Salah pour réaccaparer le FLN
Par Abdelkader S. – Abdelkrim Abada a flagorné le commandement de l’armée dont il espère qu’il lui renverra l’ascenseur en lui confiant la direction du FLN que l’ONM appelle à mettre au musée.
Le cacique de l’ancien parti unique a brossé dans le sens du poil du début jusqu’à la fin de son intervention sur El-Hiwar, un média islamiste proche des Frères musulmans, dont le journaliste s’est adonné à une contorsion acrobatique pour éviter les questions qui fâchent Gaïd-Salah. Pour plaire aux décideurs du moment, Abdelkrim Abada a tiré sur tous les responsables du FLN affublés des titres les plus infâmants et accusés des pires agissements. Personne n’y échappe : Saïdani le danseur, Belkhadem le dangereux, Ouyahia à la moustache d’Hitler, Louh l’intrus, Benflis le casseur d’unité et bien d’autres victimes expiatoires de celui qui veut reprendre les rênes d’un parti dont il affirme sans rougir qu’il compte «des milliers et des milliers de soutiens parmi le peuple».
«Le FLN est devenu un appareil de l’Etat», a asséné l’invité d’El-Hiwar, en affirmant que «la corruption au sein du parti a commencé en 1999». Tirant à boulets rouges sur les ambulances, Abada explique que Bouteflika voulait «se venger contre le FLN et le peuple qui ne l’a pas soutenu en tant que successeur de Boumediene et contre l’armée qui a choisi quelqu’un d’autre que lui» après la disparition de Boumediene.
«Après l’avènement de Bouteflika, le FLN n’était plus souverain ni dans ses décision ni dans ses choix, il agissait sur injonction et est devenu un instrument entre les mains du détenteur du pouvoir», a encore argué ce redresseur qui insinue ainsi qu’avant 1999, le FLN était estimé par les Algériens. Pour faire avaler sa «vérité», Abada laisse entendre que les événements d’octobre 1988 étaient un «complot» visant à détruire le parti.
Abada s’en est pris à Benflis qui a été désigné par le Président déchu pour renverser Benhamouda car, explique-t-il, ce dernier fait partie de ceux qui ont exclu Bouteflika du parti suite au rapport de la Cour des comptes. «Tous les secrétaires généraux du FLN sont illégitimes depuis le putsch contre Benhamouda, élu par le septième congrès», a décrété Abada qui accuse Benflis d’avoir divisé le FLN et d’avoir intégré dans ses rangs des gens étrangers au parti recrutés dans son entourage immédiat, à l’image de Tayeb Louh dont il est le parrain.
Abdelaziz Belkhadem en a également eu pour son grade. «Il a été désigné par Bouteflika dans un congrès frauduleux», a-t-il dit, en accusant le probable candidat à la présidentielle du 12 décembre qu’il applaudit néanmoins des deux mains, d’avoir «détruit le parti et mis en place la politique des allégeances et de l’argent sale». «C’est lui qui a ramené Saïdani, Djemaï, Tliba, etc., et en a fait un clairon au service de Bouteflika».
S’attaquant à Abdelmadjid Tebboune, Abada a fait savoir que ce dernier «n’est pas un militant au FLN» et qu’il a été «intégré au parti avec d’autres ministres en même temps que Sellal». «Tebboune fait partie de la clientèle de Bouteflika», a maugréé Abada qui a «révélé», par ailleurs, qu’Amar Saïdani a été désigné par Saïd Bouteflika, avant d’être «limogé car il était devenu la risée de tout le monde». L’intervenant a, cependant, confirmé que Saïdani s’est attaqué à Toufik «sur instruction», sans révéler l’identité de celui ou de ceux qui lui ont intimé l’ordre d’ouvrir le feu sur l’ancien patron des services de renseignements aujourd’hui en prison.
En contrepartie de ses appels du pied à peine déguisés, Abdelkrim Abada supplie Gaïd-Salah implicitement de lui «organiser un congrès» qui sera préparé par «un groupe d’anciens membres» du FLN, car, argue-t-il, «Le FLN est lui-même victime du système» (sic).
Le congrès aura bien lieu. L’intervention d’Abada sur un média acquis au pouvoir n’en est que l’annonce officieuse.
A. S.
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