Ce que prouve l’interpellation de notre confrère du site censuré Interlignes
Par Tahar M. – L’interpellation, ce vendredi, de notre confrère du site Interlingnes, censuré à l’instar d’Algeriepatriotique, confirme, s’il en est, que le pouvoir dictatorial actuel, incarné par le général Gaïd-Salah, est le prolongement du système Bouteflika.
Bouzid Ichalalene rappelait, pourtant, dans une interview au magazine français L’Obs, en octobre 2018, qu’«il est strictement interdit dans la loi algérienne d’emprisonner un journaliste», au moment de la vague d’arrestations d’un certain nombre de journalistes dans une cabale montée par le pouvoir alors dirigé par le frère du président Bouteflika.
«Ces arrestations interviennent en réalité après une affaire très sensible qui a ébranlé le gouvernement algérien : l’affaire de la saisie de la cocaïne. Des journalistes avaient déjà été arrêtés il y a plusieurs mois au moment de cette affaire, mais grâce à la mobilisation de la corporation de la presse, ces derniers avaient pu être relâchés», avait souligné le directeur du site qui relevait le caractère politique des interpellations à cette époque. «Il y a des raisons politiques bien sûr. Nous sommes témoins d’une véritable cabale contre les journalistes et les militants qui s’opposent au cinquième mandat de Bouteflika. On a l’habitude de voir en Algérie des opérations pour détourner l’attention de l’opinion publique dès qu’il y a un scandale, en particulier s’il s’agit de corruption au plus haut niveau», expliquait-il.
«Ce qui se passe est clairement fait pour détourner l’opinion publique de ces événements graves», affirmait encore le directeur d’Interlignes, en évoquant l’affaire de la cocaïne et celle du blocage de l’APN qui avaient défrayé la chronique. «Le cinquième mandat de Bouteflika fait naître une grogne. L’opposition au quatrième mandat en 2014 a été entendue assez tardivement dans la campagne. Cette fois-ci, plusieurs partis s’y opposent déjà et un mouvement citoyen baptisé Mouwatana commence à se faire entendre également. La question de la succession est de plus en plus tendue. Au point que les soutiens sont appelés à se manifester : les hommes politiques pro-pouvoir en appellent à une nouvelle candidature, le président du syndicat UGTA a déclaré (…) qu’il soutenait un cinquième mandat. Mais ces appels n’ont fait que mobiliser un peu plus les opposants. Il y a une panique au sommet de l’Etat», soulignait-il.
Visionnaire, Bouzid Ichalalene anticipait ainsi le soulèvement populaire pacifique qui a commencé le 22 février dernier et qui se poursuit avec détermination et révélait déjà l’affolement qui s’était emparé des cercles de décision. Un affolement qui persiste à ce jour et qui pousse les détenteurs du pouvoir de fait à multiplier les atteintes aux droits de l’Homme et les violations de loi dans une réaction apeurée qui fait peser une grave menace sur la sécurité et la stabilité du pays.
T. M.
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