Migrants : les quatre raisons du refus algérien selon une étude italienne
Au lendemain de l’accord de Malte, l’Union européenne toute auréolée de ce nouvel acquis diplomatique, s’est donné pour objectif d’établir une liste d’Etats et de ports sûrs pour accueillir dans un premier temps les migrants en provenance de Libye, du moins ceux n’ayant pas vocation à bénéficier du droit d’asile.
A cet effet, des sources à Bruxelles, relayées par des quotidiens proches de la présidence du Conseil italien, Il Corriere della Sera et Il Messaggero, parlent depuis quelques jours et de manière ouverte d’Algérie, de Tunisie et du Maroc. Une hypothèse jusqu’ici non confirmée par des membres du gouvernement de Giuseppe Conte, mais la presse maintient le cap, d’autant que le Premier ministre italien n’est pas habitué à trop s’exprimer sur ce sujet.
En attendant, l’Institut italien des études de politique internationale, proche du gouvernement actuel, a publié une étude riche en repères et en analyses du professeur Maurizio Ambrosini, éminent expert international en questions de migrants, mettant en exergue la stratégie de Rome en la matière, à savoir externaliser les contrôles de ses frontières, ce qui se fait déjà au Niger, en Turquie et en Libye.
Mais l’étude relève également que l’Algérie et la Tunisie ont déjà décliné une offre similaire qui leur a été présentée en 2018 par l’European Council on Foreign Relations (ECFR), pour des raisons bien précises et autour desquelles s’est dégagé un large consensus dans les deux pays.
L’étude indique que l’Algérie, en particulier, ne saurait accepter de transformer son territoire en un immense centre de transit et de rétention à ciel ouvert et que la diplomatie algérienne a maintes fois souligné, dans les concerts spécialisés, la nécessité de créer une instance chargée d’aborder la question des migrants de manière globale et en prenant en compte d’autres volets qui y sont liés.
De même, selon le professeur Maurizio Ambrosini, quatre données étayent cette position de principe : les préoccupations légitimes de l’Etat algérien face à un phénomène qui probablement est amené à s’aggraver ; la réaction de l’opinion publique nationale en cas d’accord ; la revendication d’une propre souveraineté vis-à-vis de l’Europe. Enfin, toujours selon l’étude, Alger considère qu’une gestion Afrique/Europe et dans le cadre euro-méditerranéen apporteraient plus de solutions à un dossier étroitement lié à la déstabilisation programmée des Etats et au partage équitable des richesses de la région.
Par ailleurs, la Tunisie qui fait face à une grave crise sécuritaire partage complètement le scepticisme algérien et appréhende cette question comme une menace susceptible de fragiliser ultérieurement sa démocratie naissante.
Reste donc le Maroc qui pourrait accepter ce rôle, lorgnant sur un blanc-seing des nouvelles instances européennes sur la question du Sahara Occidental et celle de la situation des droits de l’Homme.
M. R.
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