Sofiane Djilali : «Le pouvoir est poussé dans ses derniers retranchements»
Par Saïd N. – Invité de l’émission Offshore que diffuse Radio M, le président de Jil Jadid, Sofiane Djilali, a estimé que la vague d’arrestations qui s’abat depuis quelques jours sur les animateurs du Hirak n’est pas une surprise, du fait que le pouvoir est décidé à aller jusqu’au bout de son projet, à savoir l’élection présidentielle, face à une rue qui le rejette.
«Il y a un choc entre deux volontés, résumera-t-il, celle du pouvoir qui estime que la meilleure solution pour sortir de la crise, c’est d’aller aux élections, et la rue qui exige, au préalable, un changement du cadre général de l’action politique susceptible d’assurer des élections régulières.» elon lui, ce choc «entraîne fatalement un bras de fer, ce qui pousse le pouvoir à user de tous les moyens dont il dispose, dont la répression, la détention et les arrestations».
Dans le même sillage, l’intervenant relève que le pouvoir cible les figures «ayant une influence sur le Mouvement populaire dans le but de l’affaiblir». La fébrilité qui caractérise la conduite du pouvoir s’expliquerait, selon Djilali, par le fait qu’après l’effondrement du régime Bouteflika, il «est poussé dans ses derniers retranchements».
Evoquant le rôle de l’institution militaire dans cette phase cruciale, le leader de Jil Jadid considère que le commandement de l’armée, qui a en charge aujourd’hui de gérer les affaires de l’Etat, «subit lui aussi des pressions», à la fois internes, de la part du système, qui est sous haute tension à cause des poursuites judiciaires, et externes qui se traduisent par les attentes des pays européens qui, selon lui, «ne pourront rester dans réagir sur la situation en Algérie, s’ils trouvent que leurs intérêts économiques ou stratégiques sont menacés».
Interrogé si l’institution militaire connaît des divisions internes, Sofiane Djilali juge qu’«il y a au moins un débat interne», en ajoutant que le commandement de l’armée est traversé par des contradictions, «dès lors que certaines décisions annoncées par le chef d’état-major ne sont pas appliquées sur le terrain. Ces contradictions s’expliqueraient, selon Djilali, par l’instabilité des institutions».
S. N.
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