Djaballah : «L’armée reportera les élections si la contestation se poursuit»
Par Saïd N. – Le chef islamiste du Front pour la justice et le développement (FJD, El-Adala) adopte un ton tout à fait nouveau, reflétant sans doute un état d’esprit dominant au sein de sa famille politique. Il estime que le haut commandement de l’armée sera obligé d’ajourner l’élection présidentielle, prévue le 12 décembre prochain, si la contestation populaire revient massivement.
Dans un entretien paru dans l’hebdomadaire français Jeune Afrique, le leader islamiste, dont le parti ne participe pas au prochain scrutin présidentiel, ne voit pas d’autres solutions pour une sortie de crise pacifique. Il parie sur la poursuite du Mouvement populaire pour amener son mouvement, et l’opposition en général, à négocier en position de force avec le pouvoir.
Abdallah Djaballah se dit très inquiet par la tournure que prennent les événements dans le pays, tout en espérant que l’institution militaire consente à reporter le scrutin et à «rendre la souveraineté au peuple». A la question de savoir pourquoi son parti a décidé de ne pas présenter de candidat à l’élection présidentielle du 12 décembre, le chef d’El-Adala répond qu’il ne peut cautionner un scrutin qui «s’inscrit dans le cadre du plan du pouvoir pour perpétuer le système rejeté par le peuple». Il explique que son parti œuvre «sans relâche» pour la réalisation des idéaux de la Révolution du peuple et ses revendications, «qui sont justes et légitimes» mais cela ne rejoint pas, selon lui, la trajectoire suivie par le système.
Qu’est-ce qui pourrait convaincre El-Adala de participer ? Djaballah met le cap sur la mobilisation populaire. Il espère que le retour en force du peuple dans la rue conduira à «un changement susceptible de garantir toutes les conditions favorables à un scrutin ouvert».
S. N.
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