Peur panique
Le retour au ton menaçant et franchement éradicateur dans le dernier discours du chef d’état-major trahit, une nouvelle fois, une peur panique qui s’est emparée du pouvoir à moins de deux mois du rendez-vous électoral qu’il s’est tracé et qu’il s’est engagé à honorer «quels que soient les obstacles et les sacrifices».
Plus grave encore, lorsque le général Ahmed Gaïd-Salah «promet», dans le même discours, de faire passer à la trappe prochainement les «survivances» de ce qu’il appelle «el-issaba», c’est-à-dire d’autres figures de l’opposition et du Mouvement citoyen, c’est que lui-même n’est pas sûr que l’élection prévue le 12 décembre prochain puisse avoir lieu. Car, si tel était le cas, il serait, au contraire, amené à apparaître plus conciliant et plus souple dans ses discours, dans la mesure où il est logiquement plus bénéfique et politiquement plus judicieux que l’élection, toute élection, se déroule dans un climat apaisé, le plus apaisé possible. Il est difficilement imaginable que des candidats entrent en course – c’est, théoriquement, dans un mois – pendant que l’on continue à réprimer et à jeter en prison des manifestants ou des militants.
Cette nouvelle crispation du pouvoir conforte la thèse qui commence à faire son chemin, selon laquelle le pays s’achemine vers un énième report de l’élection présidentielle. Mais, pour éviter un retour aux mêmes paradigmes qui ne font qu’aggraver la crise, il faudrait cette fois-ci faire pression pour obliger le commandement de l’institution militaire, qui est le véritable pourvoyeur du pouvoir, à accepter une compromission historique, seule solution pour sortir le pays de l’impasse dans laquelle l’aventurisme et le jusqu’auboutisme de certains l’ont plongé.
M. K.
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