L’ancien ministre Ali Benmohamed : «Le Hirak populaire doit se poursuivre !»
Par Tahar M. – L’ancien ministre de l’Education nationale Ali Benmohamed a affirmé que le Mouvement de contestation populaire «doit se poursuivre car c’est lui qui éclaire notre chemin après des décennies d’un pouvoir unilatéral». Considérant que la date du 12 décembre fixée par l’état-major de l’armée pour la tenue de l’élection présidentielle «n’est pas sacrée», le signataire de la récente déclaration des vingt personnalités et universitaires a exhorté le «pouvoir réel» à «ne pas tourner le dos aux millions de citoyens qui manifestent depuis huit mois pour le changement du régime».
Interrogé par de jeunes membres du mouvement estudiantin qui manifeste tous les mardis sur une probable candidature à la présidentielle, Ali Benmohamed a répondu qu’«il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs» car «les conditions ne sont pas réunies pour tenir des élections imposées unilatéralement sans qu’il y ait eu des discussions autour de cette question». Par ailleurs, l’ancien ministre a souligné qu’à vrai dire, aucune demande directe ne lui est parvenue pour se porter candidat mais que son nom a été surtout été cité dans les réseaux sociaux.
Ali Benmohamed a également expliqué que la version finale de la déclaration des vingt personnalités est la synthèse de plusieurs propositions de textes, rédigée par une commission restreinte après une réunion au domicile d’Ahmed Taleb-Ibrahimi. Pour lui, cette déclaration «modérée» a pour objectif d’aider à débloquer la situation car il est «inconcevable qu’à la crise économique et sociale vienne s’ajouter une crise politique».
«Nous avons actuellement une élite qui a tété au sein du pouvoir autocratique qui tend – disons-le franchement – à l’hypocrisie et à la flagornerie», a confié l’ancien membre du gouvernement Hamrouche en 1992. «Dans les situations de blocage, ces élites, pour parvenir à leurs objectifs, évoluent à l’ombre du système dont ils adoptent les politiques, tandis que dans les régimes démocratiques, les élites se construisent à travers le militantisme et le positionnement aux côtés de la société profonde, le peuple, ses démembrements, ses choix», a soutenu Ali Benmohamed. «Dans notre situation, nous avons vu comment l’idolâtrie s’est instaurée au point que cette élite s’est fait le relais des idées du système qui ont conduit à une impasse», a-t-il regretté.
Pour l’ancien ministre, «il n’y a pas de vie politique actuellement». «Tous les analystes, a-t-il dit, attestent que c’est le pouvoir qui est en crise et non pas le Mouvement populaire», en mettant en avant l’impérieuse nécessité de «changer le système de gouvernance de façon profonde par la fondation d’un Etat républicain, équilibré, moderne et fidèle au sermon des martyrs».
«Le blocage est imposé par le pouvoir qui n’est pas encore convaincu par la nécessité de dialoguer avec la société représentée au sein du Hirak, dans les partis et les associations ainsi qu’à travers les personnalités», a encore souligné Ali Benmohamed, convaincu qu’un «petit groupe dit émerger pour représenter le Mouvement populaire qui va en grandissant et qui n’a jamais faibli, contrairement à ce que certains veulent faire croire».
T. M.
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