Erdogan reçoit Ghannouchi pour lui tracer la feuille de route à suivre
Par Saïd N. – Dès le lendemain de la réunion du Conseil consultatif du mouvement Ennahdha, qui a officiellement pressenti son leader pour occuper le poste de chef de gouvernement, Rached Ghannouchi s’est rendu à Istanbul où il a été reçu, lundi, par le président tutrc, Recep Tayyip Erdogan.
Si rien n’a filtré des entretiens entre les deux hommes, les discussions ne pouvaient que porter sur les préparatifs engagés par le mouvement islamiste tunisien pour former un nouveau gouvernement qui devrait être drivé, selon toute vraisemblance, par Rached Ghannouchi. Eu égard aux rapports organiques et idéologiques qui lient les deux partis islamistes au pouvoir à Ankara et à Tunis et à l’hégémonie politique qu’exerce le chef de l’AKP turc sur l’ensemble des formations affiliées à l’Internationale des Frères musulmans, dont le siège est à Istanbul, il est facile de deviner la teneur des instructions que devrait recevoir l’islamiste tunisien.
Longtemps décrit comme n’ayant plus d’appétit pour le pouvoir et ayant définitivement rompu avec la secte des Frères musulmans, le leader du mouvement islamiste tunisien a surpris tout le monde en décidant de se présenter au très convoité poste de chef de gouvernement et de renouer avec la Sublime-Porte.
L’accession du leader historique d’Ennahdha à un poste de responsabilité si élevé, pour être inédite, est de nature à donner au règne islamiste dans ce pays une dimension à la fois idéologique et internationale. Car Ghannouchi, en acceptant d’assumer lui-même le pouvoir, sait que son parti manquait d’engagement et risquait de perdre son ancrage dans la société et va, de ce fait, tout faire pour lui restituer son identité et le repositionner sur un échiquier politique totalement éclaté.
Par ailleurs, l’avènement d’un leader affilié à l’Internationale des Frères musulmans à la tête du gouvernement en Tunisie peut provoquer une onde de choc dans les pays voisins.
En Algérie, les deux principales formations se réclamant de ce courant, à savoir le MSP et El-Adala d’Abdallah Djaballah, ont été les premières à se féliciter de cette percée qu’elles qualifient d’«historique».
S. N.
Comment (10)