La lecture d’un politologue français sur la fermeture de la chaîne Al-Magharibiya
Par Mohamed K. – La rencontre entre le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, et son homologue algérien, Sabri Boukadoum, qui a eu lieu à New York, n’a pas échappé à l’islamologue et politologue français François Burgat, qui y voit un signe de «reprise de la coopération franco-algérienne», qui démarre, selon lui, de manière tout à fait étrange. Cette rencontre, analyse le chercheur sur sa page Facebook, célèbre la première marque d’«intérêt» de Paris pour le Hirak : la fermeture (via Eutelsat) de la chaîne Al-Magharibiya «qui le couvrait un peu trop» !
Dénoncée des deux côtés de la Méditerranée pour ce qu’elle l’est, c’est-à-dire un acte de censure, la fermeture de la chaîne de télévision la plus regardée en Algérie depuis quelques mois n’a, curieusement, suscité aucune réaction officielle des autorités françaises, prises en flagrant délit de compromission avec un régime autoritaire qui, en plus d’avoir verrouillé tous les médias contestataires, ne s’encombre d’aucun scrupule pour réprimer et emprisonner les animateurs, connus ou moins connus, du Mouvement de protestation populaire.
Ce geste de Paris envers Alger rappelle, à bien des égards, la promesse faite au gouvernement tunisien par l’ancienne ministre de l’Intérieur française Michèle Alliot-Marie, au début des manifestations de la «Révolution du Jasmin» de 2011, qui a renversé le régime Ben Ali, de lui fournir un maximum de moyens de répression.
Certains observateurs craignent que ce silence gêné de Paris soit la face visible d’un marchandage qui ne pourra qu’être au détriment de l’Algérie, à l’heure où le pouvoir installé à Alger se débat pour sortir de l’ornière face à une contestation populaire inflexible et décidée à faire échec au simulacre de la présidentielle que le pouvoir veut imposer par la force.
M. K.
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