Editorial acerbe du Monde contre le pouvoir : une mise en garde de Paris ?
Par Saïd N. – Après avoir consacré tout un dossier à la situation qui prévaut en Algérie, paru cette semaine, le quotidien parisien de référence revient avec un éditorial au ton très acerbe contre le pouvoir actuel. La virulence de l’article contraste avec la mollesse, qui s’apparente à une compromission non assumée, du gouvernement français avec Alger, qui est de nouveau montrée du doigt cette semaine, suite à la fermeture d’une chaîne de télévision algérienne, opposée au pouvoir, avec la complicité des autorités françaises.
Intitulé «Algérie : une élection vide de sens», l’éditorial du Monde se lit comme un réquisitoire contre ce qu’il qualifie d’«oripeaux» de l’ancien régime «impuissants à comprendre le sens de l’histoire et à appréhender les aspirations d’une population excédée par l’infélicité dans laquelle le régime a plongé l’Algérie».
Analysant l’évolution de la situation à l’aune des préparatifs de l’élection présidentielle du 12 décembre, l’éditorialiste estime que cette échéance «aurait dû constituer l’aboutissement d’une transition démocratique», mais ce qui est constaté, c’est que «le scrutin prend des allures de parodie». Pour l’auteur, la façon dont le scrutin est organisé «ne crée pas les conditions d’une transition réelle, légitime et transparente vers un accord politique global».
Evoquant le rôle du commandement de l’armée, qui détient la réalité du pouvoir, l’éditorialiste du Monde écrit : «Au lieu de s’inspirer de l’écho du Hirak, le Mouvement populaire, pour tenter de donner de nouvelles perspectives à une Algérie qui en manque tant, l’armée, désormais en première ligne, ne cherche qu’à le neutraliser». L’auteur arrive à cette conclusion que «vouloir perpétuer un système qui a échoué et contre lequel les Algériens sont désormais vaccinés n’aboutira qu’à radicaliser le mécontentement». Et de prévenir que dans ce contexte, «le scrutin du 12 décembre risque d’aboutir à une élection vide de sens avec un taux de participation ridiculement bas», ce qui risque de rendre le pays «ingouvernable».
S. N.
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