Benflis tente de justifier sa candidature : masochisme ou machiavélisme ?
Par Tahar M. – Le candidat malheureux aux élections présidentielles de 2004 et 2014 a essayé de justifier sa démarche hasardeuse, ce samedi, après le dépôt de son dossier de candidature à la présidentielle imposée par le commandement de l’armée pour le 12 décembre prochain.
Ali Benflis a avancé deux ou trois excuses pour tenter de se racheter auprès d’une opinion publique très remontée contre lui pour avoir choisi le camp du pouvoir illégitime auquel il offre un quitus en participant à son élection rejetée par l’écrasante majorité du peuple. «J’ai décidé de me porter candidat car l’élection présidentielle est le seul salut», a affirmé Benflis en ajoutant avoir averti que la crise allait durer «et c’est ce qu’il s’est passé».
Le président de Talaïe El-Houriyet qui a, par ailleurs, brossé un tableau noir de la situation socio-économique du pays, a souhaité que la présidentielle du 12 décembre «se déroule dans de bonnes conditions». Autrement dit, qu’elles soient propres et honnêtes. Un souhait qu’il avait émis par deux fois, l’un au terme du premier mandat de Bouteflika et le deuxième lors du quatrième mandat dont il espérait tirer les dividendes après la maladie handicapante du président sortant. Dans les deux cas, l’ancien chef du gouvernement s’est fait avoir comme un bleu.
Ali Benflis s’achemine tout droit vers une troisième désillusion politique. Agit-il de la sorte par masochisme ou par machiavélisme ? Celui qui a participé à l’élection frauduleuse de Bouteflika en 1999 connaît mieux que quiconque les rouages de l’administration qui a porté le candidat dont il était le directeur de campagne à la fonction suprême et qui l’a fait atterrir lui-même au Palais du gouvernement avant d’en être éjecté. Il sait que cette administration figée n’a pas changé d’un iota vingt longues années plus tard et il sait aussi qu’à la ruse de Bouteflika s’est substituée l’opiniâtreté aventureuse de Gaïd-Salah.
L’ancien bras droit de Bouteflika pense-t-il pouvoir piéger l’état-major de l’armée en coupant l’herbe sous les pieds des généraux une fois élu ? Croit-il que les architectes de la crise politique actuelle sont candides à ce point pour se laisser ainsi prendre à leur propre piège ? La participation du candidat septuagénaire à la présidentielle du 12 décembre, si tant est qu’elle puisse être organisée, n’aura fait que conforter les résidus du système Bouteflika auquel il a toujours servi d’alibi en s’obstinant à participer aux mascarades électorales passées et perdre le peu de sympathie qu’il avait pu engranger auprès d’une partie de l’opinion qui a cru, un moment, avoir affaire à un homme d’Etat consciencieux et éclairé de la trempe de Mouloud Hamrouche. Il n’en est rien.
T. M.
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