Les juges lâchent le régime et lancent une grève générale dès ce dimanche
Par Abdelkader S. – Zoubida Assoul a annoncé sur les réseaux sociaux qu’un mouvement de grève générale sera entamé par les magistrats à partir de ce dimanche. Les juges contestent la décision du ministre de la Justice, Belkacem Zeghmati, d’évincer près de 3 000 d’entre eux dans ce qui s’apparente à une purge voulue par le pouvoir à deux mois de la tenue de l’élection présidentielle, imposée par l’armée pour le 12 décembre prochain.
«Les juges reconnaissent enfin que la justice n’est pas indépendante», a commenté Zoubida Assoul.
Le pouvoir perd ainsi son pilier sur lequel s’appuie sa politique de répression et de règlements de comptes à laquelle la justice a apporté sa caution, en légitimant des arrestations arbitraires qui ont ciblé les militants du Mouvement de contestation populaire ainsi que des hommes politiques et des journalistes.
Les millions de citoyens qui manifestent depuis le 22 février pour exiger le départ immédiat, et sans condition, des symboles du système Bouteflika ont, depuis les premières semaines, dénoncé la «justice du téléphone», une justice – aussi bien civile que militaire – aux ordres qui agit sur injonction de l’état-major de l’armée et fait fi des lois de la République qu’elle piétine.
Des sources ont indiqué qu’un certain nombre de magistrats ont été favorisés par rapport à d’autres grâce à leurs relations avec des hauts gradés de l’armée qui les ont placés à des postes avantageux. Il n’est pas exclu que ces désignations de complaisance aient fait réagir les juges qui n’attendaient que le moment opportun pour exprimer leur ras-le-bol et réclamer leur indépendance.
Une révolution dans le secteur de la justice sera le coup de grâce qui précipitera la chute du régime, qui s’en trouvera ainsi privé d’un maillon essentiel dans l’organisation de la très improbable élection présidentielle dont Gaïd-Salah a fixé la date unilatéralement à partir d’une caserne. De plus, un mouvement de contestation dans ce secteur sensible fera des émules et poussera d’autres fonctionnaires à débrayer, sachant que le système éducatif sera paralysé dès le 29 de ce mois.
La désobéissance civile réclamée par certains est en train de s’imposer d’elle-même, eu égard aux dérives hégémonistes du régime militaire qui a étendu ses tentacules à tous les secteurs d’activité, empiétant sur les attributions de toutes les institutions, de la présidence de la République au gouvernement, en passant par le Parlement et l’administration.
A. S.
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