Pris de panique par l’appel à la grève des magistrats : le pouvoir craque
Par Mohamed K. – Réagissant à l’appel lancé par le Syndicat national des magistrats pour une grève générale à partir de ce dimanche, le ministère de la Justice a menacé de sévir contre «ceux qui contreviendront à la loi».
Dans un communiqué rendu public, le département de Belkacem Zeghmati estime que le statut des magistrats, dans son article 12, interdit au juge «toute participation ou incitation à une grève» et que toute action individuelle ou collective tendant à arrêter ou à entraver le travail de la justice est déclarée «comme un abandon de poste». Autrement dit, les magistrats qui ont envisagé de lancer une grève à partir de ce dimanche risquent des sanctions pouvant aller jusqu’à la radiation.
Le ministère appelle les juges protestataires se disant lésés à saisir le Conseil supérieur de la magistrature.
Annoncé comme «historique» par le ministre de la Justice grade des Sceaux, Belkacem Zeghmati, le mouvement, opéré jeudi à la hussarde, concerne près de 3 000 magistrats : 432 nouveaux magistrats ont été nommés, 343 autres titularisés et 1 698 promus.
Si, officiellement, ce mouvement exceptionnel est justifié par le souci de remédier à une situation marquée par une gestion des ressources humaines du secteur, aux conséquences désastreuses «dont certaines suscitent la répulsion, voire le ressentiment» (dixit Zeghmati), le timing choisi pour opérer un mouvement d’une telle ampleur accrédite la thèse, celle des magistrats en colère, selon laquelle le pouvoir cherche à asseoir son autorité en s’engageant dans «une politique de fuite en avant» qui entame gravement la crédibilité et l’image de la justice en Algérie.
En d’autres termes, le pouvoir veut s’assurer d’un encadrement acquis à sa cause à quelques semaines d’un scrutin présidentiel incertain dans lequel le poids des magistrats sera décisif.
M. K.
Comment (19)