Une contribution de Youcef Benzatat – Le caporal et les 40 millions de mutins
Par Youcef Benzatat – Gaïd-Salah ne considère pas l’Algérie comme une nation et une société en mesure de s’autogouverner et de prospérer dans le cadre de la loi. Il n’a pas la culture nécessaire pour la percevoir ainsi.
Les villes ne sont pour lui pas plus que des casernes ou, du moins, des agglomérations dont l’activité principale et l’importance de leur existence se résument à l’activité militaire et leur part dans le quadrillage du territoire national.
Les populations civiles qui les entourent ne sont à ses yeux que des subalternes. Qu’ils soient instruits, analphabètes, riches ou pauvres, ils ne représentent que des sujets avec l’obligation d’être soumis à son commandement.
S’il ne craignait pas les gouvernements des pays puissants, il se serait même passé de la parodie des élections présidentielles, qui sont pour lui un véritable fardeau. C’est la seule raison qui motive la diarrhée de ses sorties médiatiques intempestives, qui sont plus adressées à tous ces charognards embusqués qu’a son propre peuple.
Les millions d’Algériens qui manifestent depuis presque neuf mois maintenant, pour mettre fin à cette situation, ne sont pas pour lui un peuple doté d’une conscience politique et doués du désir d’arracher leur souveraineté à la servitude. Tout au plus, ils les considèrent comme des mutins en rébellion contre leur caporal. Ceux parmi eux qui se sont fait arrêter, il ne les considère pas comme des prisonniers d’opinion, mais seulement des meneurs de la mutinerie.
C’est cette perception de caporal désobéi qui le pousse à censurer tous les médias qui le contrarient et qu’il qualifie de traîtres à la patrie. Car sa conception de la foi dans la conscience nationale se confond avec l’obéissance à son commandement.
Malheureusement pour les mutins, le caporal n’agit pas seul, la société est infestée de soldats obéissants à ses ordres et disposés à exécuter ses plans. Il faudra redoubler de vigilance pour les identifier et les chasser de leur mouvement de libération.
Y. B.
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