Les journalistes des médias publics vont-ils emboîter le pas aux magistrats ?
Par Saïd N. – Les changements à la hussarde qui se poursuivaient, jusqu’à encore mardi, au niveau des médias publics (presse écrite, audiovisuel, etc.) sont très mal accueillis par les professionnels du métier, car opérés sans explication aucune, ni débat sur l’avenir de ce secteur, à la fois honni par le grand public, comme le montrent si bien les slogans des manifestants, et surexploité par un pouvoir désarçonné qui l’utilise comme un souffre-douleur.
La désignation, mardi, d’une deuxième directrice de la Radio nationale en moins de sept mois est, en effet, révélatrice d’un malaise profond que les plus hautes autorités politiques tenteraient de dissimuler. Décidée à quelques semaines de l’élection présidentielle, cette valse de mutations et de limogeages qui a touché jusque-là la quasi-totalité des médias du secteur public ne peut avoir qu’une seule signification : éliminer au maximum les risques d’insoumission au sein de cette corporation à laquelle le pouvoir en place fait de moins en moins confiance. Mais, paradoxalement, c’est la décision qui peut accélérer cette insubordination tant redoutée, comme cela s’est passé avec le corps des magistrats. Ces derniers ont décidé de s’opposer massivement et frontalement à l’Exécutif depuis que le pouvoir avait tenté de les provoquer.
Le pouvoir ne doit pas perdre de vue que les journalistes de certains médias publics, dont notamment la Radio et la Télévision, avaient déjà, à plusieurs reprises, manifesté contre la censure qui sévit dans leurs rédactions respectives, à cause des injonctions du pouvoir, en signant des pétitions et en organisant des sit-in, jusque dans l’enceinte de l’imprenable citadelle de l’APS.
Pour ce pouvoir, les médias publics constituent aujourd’hui la dernière citadelle qui lui reste pour résister aux assauts de plus en plus intenses du Mouvement de contestation citoyen. Il sait bien que si cette dissidence venait à prendre corps dans le contexte politique actuel, il ne pourrrait s’en remettre.
S. N.
Comment (4)