Conséquence de l’indigence politique du pouvoir : premiers échecs diplomatiques
Par Abdelkader S. – C’est indéniable. La diplomatie algérienne bat de l’aile depuis la crise politique profonde qui secoue le pays au lendemain de l’usurpation du pouvoir par le chef d’état-major de l’armée. C’est, en effet, une véritable gifle que l’Algérie vient de recevoir à l’ONU où le Conseil de sécurité a voté une résolution que le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a qualifiée de «regrettable».
C’est le premier échec cuisant enregistré par nos diplomates dans ce contexte confus où le ministère des Affaires étrangères tente de pallier l’absence d’un pouvoir légitime, en continuant à grand-peine de défendre les principes immuables de l’Etat mais tout en étant handicapé par l’absence d’un président véritablement élu. «Nous représentons l’Etat au sens large du terme et non pas le pouvoir», expliquait une source diplomatique, il y a quelques mois.
A New York, la cause sahraouie a perdu une voix. La reconduction du mandat de la Minurso pour une période de douze mois en procédant à «un simple renouvellement technique, en des termes quasi identiques, de sa précédente résolution sur la question sans donner toute l’impulsion attendue à la nouvelle dynamique expressément souhaitée par le secrétaire général des Nations unies», telle que commentée par Abdelaziz Benali Cherif, résonne comme une déroute dont Rabat s’est évidemment félicité.
Commentant la résolution, le ministre marocain des Affaires étrangères a estimé, en effet, que celle-ci «réaffirme la pertinence de la position marocaine et conforte la dynamique positive et le soutien de plus en plus fort aux fondamentaux de cette position», en ajoutant qu’elle (la résolution) «porte sur la préservation et la consolidation des acquis du Maroc» et «réaffirme notamment la prééminence de l’initiative d’autonomie».
L’Algérie, qui dénonce «le caractère déséquilibré du texte», accuse le coup et se contente de réaffirmer son soutien aux efforts des Nations unies pour ne pas s’écarter des mœurs diplomatiques.
Cette débâcle intervient au lendemain de la sortie humiliante d’Abdelkader Bensalah à Sotchi. Sa prestation pathétique face à Vladimir Poutine a provoqué une vague d’indignation générale en Algérie où les citoyens ont considéré le compte-rendu fait par le chef de l’Etat fictif à son interlocuteur russe comme un appel à l’ingérence étrangère pour soutenir le pouvoir illégitime issu du système Bouteflika et pour la perpétuation duquel le commandement de l’armée a imposé une élection présidentielle rejetée par l’écrasante majorité du peuple.
A. S.
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