Ces chiffres qui annoncent à l’avance les résultats de l’élection présidentielle
Par Mounir Sarraï – Comme il fallait s’y attendre, Abdelmadjid Tebboune, longtemps ministre de Bouteflika avant de finir, pour une courte durée, Premier ministre, a été classé en tête en termes de collecte de signatures pour la candidature à la présidentielle. Cela alors qu’il est le seul des candidats «retenus» par l’instance aux destinées de laquelle préside l’autre ancien ministre de Bouteflika, Mohamed Charfi, à ne pas posséder de parti politique.
En effet, Abdelmadjid Tebboune, homme-lige du chef d’état-major qui s’accroche à cette élection malgré son rejet massif par le peuple, est suivi par l’islamiste Abdelkader Bengrina du parti El-Bina. En troisième position arrive l’ancien lièvre de Bouteflika en 2004 et 2014, suivi d’un autre lièvre du système toujours en place, Abdelaziz Belaïd. Azzedine Mihoubi du RND arrive en derrière position. Loin d’une lecture arithmétique, cette première classification renseigne d’ores et déjà sur la nature et les résultats de cette élection qui se joue dans le cercle fermé du régime.
Comme nous l’avions déjà écrit, le pouvoir a choisi son candidat et trouvé des lièvres pour donner une impression de compétition électorale, dans un contexte de crise inédite que traverse le pays. C’est un secret de Polichinelle que de dire qu’Abdelmadjid Tebboune, ancien Premier ministre, travaille avec le chef d’état-major de l’armée depuis des années pour conquérir le pouvoir. On se rappelle encore de sa nomination en juin 2017 à la tête du gouvernement en remplacement d’Abdelmalek Sellal. Sitôt désigné, il lança une série de réformes défavorables pour l’essentiel au clan des Bouteflika. On se rend compte, avec le recul, que ces réformes avaient pour seul objectif de préparer Tebboune à la conquête du pouvoir.
Après le 22 février et la chute du clan Bouteflika suite aux gigantesques manifestations populaires, et plus exactement en juillet 2019, des informations concordantes révélaient déjà à Algeriepatriotique que les tenants du pouvoir actuels misaient sur un «ancien ministre de Bouteflika» pour l’imposer comme futur président de la République. Il s’agissait bel et bien d’Abdelmadjid Tebboune. Sa candidature est perçue comme une nouvelle tentative de résurrection d’une des deux ailes qui formaient le régime et qui voudrait se maintenir au pouvoir, en perpétuant les vieilles pratiques héritées du long règne des Bouteflika.
La dernière injonction de Gaïd-Salah au ministre de la Justice d’aller «jusqu’au bout» est un signal clair sur les intentions du nouveau clan qui fait fi des manifestations de millions de citoyens et veut aller à la présidentielle pour imposer un de ses membres quelles qu’en soient les conséquences. Un message reçu 5/5 par le peuple qui l’a fait savoir à un des candidats à cette mascarade électorale, hier soir, en l’occurrence Ali Benflis qui en a entendu des vertes et des pas mûres alors qu’il essayait de pérorer devant des jeunes venus lui dire ses quatre vérités.
M. S.
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