Signe d’un pouvoir aux abois : la machine répressive se remet en marche
Par Mohamed K. – Après avoir donné, pendant quelques semaines, des signes d’apaisement et d’une forme de «tolérance», les appareils sécuritaire et judiciaire à la solde du pouvoir réel qu’incarne le commandement de l’armée ont réactivé, cette semaine, la machine de la répression à l’encontre de tous ceux qui s’aventureraient, dans la capitale surtout, à déployer le drapeau identitaire amazigh.
Ainsi, quatre manifestants ont été arrêtés à Alger, deux jours après la manifestation de vendredi au cours de laquelle ils avaient brandi un drapeau jaune-vert-bleu. Poursuivis pour «atteinte à l’unité nationale», ils ont été arrêtés après avoir été entendus par un juge d’instruction près le tribunal de Sidi M’hammed. Sept autres manifestants, détenus pour avoir également brandi l’emblème amazigh, ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire.
Vendredi, plusieurs observateurs avaient constaté une présence, assez timide mais visible, du drapeau amazigh au milieu des foules et s’étaient réjouis qu’aucune arrestation n’ait été signalée. D’aucuns avaient expliqué cette absence de répression, sur le coup, comme un début de reflux de la logique répressive du pouvoir. Ils sont vite revenus de leurs illusions.
Depuis juin, plus d’une centaine de manifestants ont été détenus pour avoir osé braver l’interdiction édictée par Gaïd-Salah de porter «tout autre drapeau que l’emblème national» dans les manifestations contre le système.
Selon les juristes, aucune disposition légale n’interdit le port de l’emblème amazigh mais la justice a inculpé ces manifestants d’«atteinte à l’intégrité du territoire national» et/ou de «profanation ou dégradation de l’emblème national», infractions passibles de dix ans de prison.
Jusqu’à présent, tous les manifestants jugés pour de tels faits ont été acquittés. Mais des dizaines d’autres demeurent en détention dans l’attente d’un procès, depuis plusieurs semaines, et pour certains d’entre eux depuis des mois.
M. K.
Comment (18)