Ces messages subliminaux provocants contenus dans l’affiche des élections
Par Nabil D. – Le slogan choisi par l’état-major de l’armée pour la présidentielle imposée du 12 décembre est une énième provocation des résidus du système Bouteflika envers le peuple qui les rejette. C’est, en tout cas, ainsi qu’est perçue cette sentence qui barre les gigantesques affiches imprimées avec l’argent du contribuable pour narguer les millions de citoyens qui manifestent contre ce rendez-vous «démocratique» décidé à partir d’une caserne.
La devise inventée par les théoriciens du régime qui entourent Gaïd-Salah est insultante à l’égard du peuple à bien des égards. En décrétant que «c’est nous qui choisissons», cet apophtegme résonne comme un pied de nez du chef d’état-major à l’endroit des citoyens en réponse au slogan brandi et crié depuis près de neuf mois par les manifestants qui réclament le recouvrement de la souveraineté populaire et dénient aux institutions héritées de l’ère Bouteflika toute légitimité. Le régime répond ainsi que par cette bravade on continue d’accaparer la décision sans partage.
Autre insulte à l’égard du peuple, les chiffres 7 et 8 apposés sur ces panneaux, reliques contrefaites de l’ère Bouteflika, qui ne tarderont pas à être lacérées par les citoyens, auxquels ont été usurpés ces deux articles de la Constitution qui leur octroient la légitimité et les consacrent comme unique source de pouvoir. Une réalité que les concepteurs de l’affiche n’ont pas négligée puisque, parlant au nom du peuple qui, pourtant, les invite à «dégager», ils ont incrusté, au bas du placard, comme écrasés, des manifestants brandissant les deux articles en question. Une attitude schizophrène que le chercheur franco-algérien Slimane Zeghidour a qualifiée, à juste titre, de «dénégation» dont «fait preuve le pouvoir algérien».
A cette provocation se greffe un populisme patent qui consiste à éliminer la langue française du slogan de la présidentielle du 12 décembre et à y intégrer le caractère tifinagh. Cette même langue de Molière – la comparaison s’arrête là – que le vice-ministre Gaïd-Salah a utilisée pour ordonner au ministre de la Justice d’«aller jusqu’au bout», et ce même caractère amazigh que le même Gaïd-Salah répugne à voir lors des manifestations au point de jeter en prison tout citoyen qui en porterait le symbole.
N. D.
Comment (33)