Après avoir soutenu le Hirak : l’Association des oulémas rallie le pouvoir
Par Mohamed K. – Les reniements et les redditions se multiplient dans les milieux de la société civile. Après la retentissante abdication du Syndicat national des magistrats, c’est au tour de l’Association des oulémas algériens de hisser le drapeau blanc.
Après s’être distingué par des prises de position courageuses en faveur de la révolution citoyenne, en prenant part à plusieurs initiatives collectives appelant à la mise en place d’une direction transitoire et rejetant de fait l’option de la présidentielle préconisée par le pouvoir, le président de l’Association, Abderrazak Guessoum, tourne casaque en disant «suivre avec intérêt» le processus politique en cours, tout en exhortant toutes les parties à «assumer leurs responsabilités historiques pour l’intérêt suprême de la nation».
Dans une déclaration rendue publique jeudi soir, l’Association, fondée par Cheikh Abdelhamid Benbadis, a appelé également à la poursuite du mouvement populaire pacifique mais tout en mettant en garde contre «les tentatives de déviation à des fins corporatistes, régionalistes ou idéologiques», reprenant ainsi les mêmes stigmatisations utilisées dans les discours officiels, et notamment celles du chef d’état-major de l’armée qui, lui, assimile les manifestants à «des relais de l’issaba».
Ce revirement de l’Association des oulémas était, en fait, prévisible après l’intervention inexpliquée d’Abderrazak Guessoum, il y a deux semaines, pour démentir avec véhémence l’authenticité d’une nouvelle déclaration d’un groupe de théologiens algériens, en tête desquels figurait l’éminent Cheikh Tahar Aït Aldjet. Ce qui laissait soupçonner des divergences au sein de ce groupe qui avait appelé, dès le mois de juin dernier, à une période de transition.
M. K.
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