Il menace le régime et snobe le peuple à la fois : le suicide politique d’Ali Benflis
Par Abdelkader S. – Ali Benflis a expliqué son obstination à participer à la mascarade électorale fixée par Gaïd-Salah pour le 12 décembre par sa volonté de «barrer la route au système corrompu qui prépare la fraude dès à présent». L’ancien chef de gouvernement a repris à son compte les revendications du Mouvement de contestation populaire, en affirmant qu’il s’est «soulevé» contre le régime «bien avant le 22 février 2019».
En tenant ces propos lors de la présentation de son programme électoral, le candidat malheureux aux présidentielles trafiquées de 2004 et 2014 se tire une balle dans le pied et s’élimine de fait avant même la tenue du scrutin. En effet, en voulant ménager le chou et la chèvre, Ali Benflis renforce son adversaire, le candidat adoubé par le commandement de l’armée, Abdelmadjid Tebboune, qui, par calcul politique, reproduit le même discours dithyrambique à l’égard du Hirak. Or, le président de Talaie El-Houriyet est perçu comme une menace pour les résidus du système Bouteflika qui se verraient ainsi menacés de subir le même sort que celui qu’ils ont réservé à leurs anciens compères du clan auxquels ils ont appartenu ensemble.
D’un autre côté, les citoyens qui rejettent l’élection présidentielle du 12 décembre accusent Ali Benflis de «trahison» et de «complicité» avec le régime en place. Il n’a donc aucune chance de glaner des voix auprès des millions de citoyens qui manifestent depuis près de neuf mois pour exiger le départ de tous les symboles du système et qui pourraient aller jusqu’à empêcher ce rendez-vous qu’ils considèrent comme une énième provocation du chef d’état-major de l’armée qui fait preuve d’un odieux mépris envers la «plèbe».
En somme, ni le peuple ne votera pour Ali Benflis ni l’administration ne sera instruite de bourrer les urnes en sa faveur pour en faire un Président potiche malléable à merci. Le candidat se dirige droit vers une troisième humiliation par laquelle il achèvera une carrière politique médiocre, consacrée, qu’il l’ait voulu ou pas, à aider le système à asseoir son pouvoir, à assurer sa longévité et à creuser ses fondations si profondément qu’il devient quasi impossible de l’en extraire.
A. S.
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