«On est les fils d’Amirouche», «Ali, ils ont trahi !» : les martyrs en sauveurs
Par Abdelkader S. – Plus les semaines passent, plus les citoyens se réapproprient l’histoire de la Guerre de libération nationale et invoquent les martyrs de la victorieuse Révolution de Novembre. «Ce retour au passé glorieux de l’Algérie trouve ses origines dans deux raisons principales», notent des sources informées. «Les discours belliqueux du chef d’état-major ont provoqué chez les millions de citoyens, qui manifestent depuis près de neuf mois pour l’éradication du système actuel, une réaction logique qui a consisté à rendre à Gaïd-Salah la monnaie de sa pièce, en l’accusant de trahison envers les martyrs», relèvent ces sources. «Par ailleurs, ajoutent nos sources, les citoyens ne se contentent plus de lutter pour le changement du système mais ont décidé de se réapproprier leur histoire usurpée et falsifiée par le pouvoir depuis 1962».
«Les étudiants ont été les premiers à brandir les portraits du martyr Taleb Abderrahmane. Ils ont été suivis par l’ensemble des manifestants les vendredis, et cette tendance est allée crescendo jusqu’à ce que le pouvoir illégitime incarné par Gaïd-Salah décidât de faire emprisonner arbitrairement l’ancien commandant de la Wilaya IV historique. Depuis cette date, la revendication politique a débordé sur la remembrance historique», expliquent nos sources.
Des scansions invoquant Ali La Pointe se sont élevées le jour de la présentation de la loi sur les hydrocarbures devant le Parlement croupion par le gouvernement illégitime. Les manifestants en appelaient à la mémoire du martyr tombé à La Casbah pour se plaindre auprès de son âme de ce que les dirigeants politiques ont «vendu le pays» pour lequel il a sacrifié sa vie. Un message fort auquel s’ajoutent d’autres slogans et d’autres portraits de héros de la Guerre de libération nationale brandis par les manifestants chaque mardi et vendredi aux côtés de celui de Lakhdar Bouregâa.
«Nous sommes les fils d’Amirouche !» entend-on encore à travers plusieurs régions du pays, en hommage au lion du Djurdjura tombé dans une embuscade dont certains considèrent qu’elle lui a été tendue suite à une trahison. «C’est ce parallèle que les manifestants suggèrent en ravivant le souvenir de l’ancien commandant de la Wilaya III historique tombé au champ d’honneur aux côtés du colonel Si El-Haouès», soulignent nos sources.
A. S.
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