Censure émiratie : les Algériens demandent des comptes à Zuckerberg
Par Abdelkader S. – Les Algériens manifestent devant le siège de Facebook à travers plusieurs capitales occidentales pour exprimer leur indignation face aux restrictions imposées à l’opposition en Algérie à travers l’antenne émiratie, soutien indéfectible du régime dictatorial incarné par Gaïd-Salah et ses collaborateurs.
Des sit-in ont été organisés à Paris, à Bruxelles, à Londres et à Madrid pour transmettre un message au patron du plus grand réseau social au monde, Mark Zuckerberg, dont l’outil influent qu’il a créé en Californie s’est trouvé directement impliqué dans la crise profonde que traverse l’Algérie. Les Emirats arabes unis jouant un rôle néfaste dans le conflit qui oppose le peuple aux résidus du système Bouteflika, Facebook, un média censé être libre, a été verrouillé par le régime d’Abu Dhabi dont le soutien aux tenants du pouvoir militaire en Algérie est avéré. Les comptes des influenceurs, des lanceurs d’alerte, des opposants à la dictature sont fermés les uns après les autres dès leur signalement par les services de Gaïd-Salah.
Cette grave atteinte à la liberté d’expression par un réseau social censé avoir été créé pour, justement, permettre un flux d’information illimité à travers un moyen autre que les médias classiques a terni l’image de Facebook et de son fondateur, qui semble ne plus maîtriser sa machine devenue une arme de désinformation massive.
Le patron de Facebook, qui comptabilise plus de deux milliards d’utilisateurs, avait été auditionné par le Congrès américain en avril 2018 pour avoir échoué à protéger la vie privée des utilisateurs dont les données personnelles avaient pu être utilisées à des fins politiques. Mark Zuckerberg avait été sommé par les sénateurs américains de fournir des explications sur sa gestion des «mauvais usages de la plateforme» et de la «protection des données jusqu’à la manipulation politique». Le PDG de Facebook avait répondu que le réseau social «est sûr malgré tous les cas avérés de manipulation et de détournement de données personnelles d’utilisateurs», avant d’avouer des lenteurs dans l’identification des ingérences étrangères.
Une de ces ingérences est justement dénoncée par les Algériens qui réclament que Facebook ordonne à son antenne émiratie de lever la chape de plomb imposée au Hirak algérien. A moins que Washington soit de connivence avec cette censure évidente, ce qui signifierait que la Maison-Blanche appuie le régime de Gaïd-Salah. En contrepartie de quoi ? La réponse est sans doute chez les députés qui ont voté la loi sur les hydrocarbures à la dérobée, dans la nuit de mercredi à jeudi.
A. S.
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