Deux Premiers ministres libanais donnent une leçon à Noureddine Bedoui
Par Nabil D. – Le successeur de Saâd Hariri, Mohammad Safadi, a jeté l’éponge avant même de prendre ses fonctions parce que les manifestants ont dit non au ravalement de façade proposé par le président Michel Aoun, auquel il est demandé instamment de combattre la corruption endémique dans le pays et revoir de fond en comble le mode de gouvernance au Liban.
C’est la seconde victoire que le peuple libanais enregistre en quelques semaines seulement de manifestations pacifiques, calquées sur le Mouvement de contestation populaire en Algérie. Les Libanais le disent eux-mêmes, et certains ont même brandi les couleurs algériennes aux côtés du drapeau au milieu duquel trône l’emblématique cèdre.
Ces deux succès du Hirak libanais sont à mettre à l’actif de l’approche démocratique du gouvernement qui, quelles que soient ses lacunes, demeure à l’écoute du peuple qui en est la source du pouvoir. Des succès qui renvoient inexorablement à la lutte acharnée que mènent les Algériens depuis près de neuf mois, sans avoir réussi à évincer les résidus du système Bouteflika qui usent de mille et une manœuvres pour se maintenir au pouvoir.
Le parallèle entre les mouvements de contestation populaires algérien et libanais est inévitable, l’un servant à l’autre de repère pour évaluer l’état d’avancement des deux révoltes. Si au Liban les deux Premiers ministres ont jeté l’éponge de leur propre gré pour éviter que la crise s’aggrave dans ce pays à l’équilibre ethnique et confessionnel fragile, en Algérie, Noureddine Bedoui occupe toujours le Palais du gouvernement bien qu’il fasse partie des premiers responsables politiques dont le peuple exigeait le départ dès le 22 février. Or, aucun symbole du système Bouteflika n’a remis le tablier après trente-neuf semaines de manifestations. Pis, le régime s’apprête à s’auto-légitimer par le biais d’une élection présidentielle considérée par les citoyens comme un substitut au «cinquième mandat» de Bouteflika.
Gaïd-Salah et le pouvoir dictatorial qu’il incarne est aux antipodes des dirigeants libanais qui lâchent du lest pour essayer de trouver un terrain d’entente avec une population libanaise qui avance à grands pas vers la concrétisation de l’ensemble de ses revendications, sans violence. Le peuple algérien demeure, quant à lui, déterminé à «arracher son indépendance», même si sa lutte devait durer de longues autres semaines encore.
N. D.
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