Première violation de la charte d’éthique signée par les patrons des médias
Par Nabil D. – Première entorse à la charte de l’éthique signée par les médias aux ordres du pouvoir. Ce dimanche, alors que des centaines de milliers de citoyens exprimaient leur rejet de la présidentielle du 12 décembre en manifestant pacifiquement ou par des actions symboliques contre les cinq candidats, les relais médiatiques du régime de Gaïd-Salah occultaient la vérité et se focalisaient sur les interventions des prétendants à la fonction suprême.
Le Mouvement de contestation populaire a largement débordé sur les marches de vendredi depuis que le pouvoir a décidé de passer outre la volonté du peuple, en imposant une échéance électorale à partir d’une caserne dans le but de ressusciter le système Bouteflika. Sans violence aucune, les opposants à la mascarade électorale, décidée de façon unilatérale par Gaïd-Salah, ont scandé leurs slogans habituels, exigeant le départ de tous les symboles de l’ère Bouteflika et promettant de poursuivre leur lutte jusqu’à la chute du régime.
L’attitude partiale des médias aux ordres de l’état-major de l’armée confirme ce que les citoyens craignaient depuis l’annonce de la première élection annulée du 4 juillet, à savoir que les dés sont pipés et que les jeux sont faits d’avance. «Cette complicité des médias inféodés au pouvoir s’ajoute à celle des institutions léguées par Bouteflika, à l’instar du Parement croupion et de la justice du téléphone qui ont tourné le dos au peuple, pour des préoccupations personnelles, au détriment de l’intérêt suprême de la nation», ont commenté des sources proches du Hirak, déçues que la corporation des journalistes ait «jeté ses principes aux orties» et «fait preuve de soumission» alors qu’«elle a fait montre d’un courage inégalable durant la décennie noire où elle a défendu les principes de la République face aux hordes terroristes au prix de lourds sacrifices».
Quelques journalistes ont décidé de lutter pour le recouvrement de leur indépendance, en s’affichant ouvertement lors des manifestations de vendredi dernier aux côtés du peuple. Mais cette action timide est loin de pouvoir changer la situation au sein de cette profession qui a perdu son âme pour un plat de lentilles.
N. D.
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