Deux autres pays de la région se dirigent tout droit vers un Hirak à l’algérienne
Par Karim B. – Les prémices d’un mouvement de contestation populaire pacifique se font de plus en plus ressentir dans deux pays de la région. Le premier, le Maroc, connaît une ébullition inédite dans les stades de football où les supporters des grands clubs de la capitale, notamment, entonnent des chants engagés, à l’image de ceux que les jeunes Algériens ont lancés il y a plusieurs mois dans les tribunes et qui ont donné naissance au Hirak.
Les Marocains chantent en chœur leur frustration face à ce qu’ils qualifient d’injustice du régime et leur désir de changement. Ces scènes se répètent chaque semaine et pourraient se solder par des manifestations de rue pacifiques, à l’image de ce qu’il se passe en Algérie et au Liban. Le Maroc a été légèrement impacté par le «printemps arabe» en janvier 2011 mais les autorités s’étaient empressées de prendre des mesures d’apaisement qui avaient pu épargner à cette monarchie voisine de sombrer dans un cycle de violence, comme cela a été le cas dans d’autres pays aujourd’hui livrés au chaos. Des mesures d’apaisement accompagnées, néanmoins, par une répression féroce dans le Rif où des citoyens s’étaient insurgés suite au décès tragique d’un vendeur ambulant mort broyé par un camion-benne de ramassage d’ordures à Al-Hoceima. Plusieurs militants de ce mouvement sont toujours en prison.
Huit ans plus tard, les Marocains semblent se mobiliser à nouveau mais en s’inspirant de l’exemple algérien, cette fois-ci, dans un contexte marqué par de graves dérapages en Irak et en Iran où les confrontations entre les manifestants et les forces armées locales, dont la constitution diffère de celle de l’ANP composée des enfants du peuple, a fait plusieurs morts.
Autre pays au seuil de l’explosion sociale, le Koweït où les citoyens ont lancé une vaste campagne de dénonciation de la corruption qui gangrène ce riche émirat du Golfe. L’émir a dû limoger deux ministres pour tenter de calmer les esprits et a prononcé un discours dans l’urgence pour promettre une lutte sans merci contre ce phénomène dont on découvre qu’il existe aussi dans cette partie du Moyen-Orient, pourtant connue pour sa prospérité économique rendue possible grâce aux gisements de pétrole et de gaz qui en font un des territoires les plus stables au monde.
En Algérie comme au Liban, les citoyens arrachent des acquis petit à petit et poursuivent leur mouvement pacifique, avec une mobilisation de plus en plus forte, pour réclamer le changement des systèmes archaïques qui y prévalent et qui maintiennent tous les pays de la région du Maghreb et du Moyen-Orient dans un état de sous-développement permanent.
K. B.
Comment (23)