Pseudo-ingérence de l’UE : l’ANP ne craignait pas le panel de l’ONU en 1998
Par Nabil D. – «En 1998, le pouvoir en place, à l’époque sous Liamine Zeroual, avait invité un panel onusien en Algérie pour rendre compte de la situation de visu à la communauté internationale», ont déclaré des sources sollicitées par Algeriepatriotique suite à la polémique soulevée par la décision du Parlement européen d’ouvrir un débat sur la crise politique dans le pays. «Recevoir des ambassadeurs par les candidats à la présidentielle, ce n’est pas de l’ingérence ; débattre de la situation en Algérie au Parlement européen, c’en est une», font remarquer nos sources, non sans ironie.
«De quoi a peur le régime actuel ?» se sont interrogées ces sources qui rappellent que «de toutes les façons, le monde de 2019 n’est pas celui des années 1990 où les réseaux sociaux n’existaient pas et où l’information était l’apanage de journaux et télévisions qui ne sont pas forcément indépendants et dont la tendance épouse généralement celle des puissances politiques et financières dont ils dépendent. Aussi, le monde sait tout en temps réel et personne ne peut plus rien cacher à personne dans ce monde globalisé».
Les résidus du système Bouteflika ont brandi la menace de l’ingérence étrangère et actionné leurs relais médiatiques pour tirer à boulets rouges sur des députés européens qui ont demandé à «y vois plus clair» dans ce qu’il se passe en Algérie. «C’est pourtant le Parlement européen et non pas la Commission européenne qui demande ce débat», soulignent ces sources qui voient dans la levée de boucliers des tenants actuels du pouvoir illégitime en Algérie une crainte que leurs desseins inavoués soient révélés au grand jour.
Des militants des droits de l’Homme ont réagi à la frivolité avec laquelle le régime de Gaïd-Salah a appréhendé la question, en affirmant que les députés européens, contrairement à ce que veulent faire croire le pouvoir et ses outils de propagande, «ne s’ingèrent pas dans les affaires internes du pays mais apportent leur soutien à la révolte pacifique exemplaire du peuple algérien».
Entre juillet et août 1998, un panel de personnalités étrangères éminentes, dont la députée française Simone Veil, s’était rendu dans notre pays à la demande du pouvoir à l’époque, «car l’armée n’avait rien à cacher». «Bien au contraire, l’ANP qui faisait face à des attaques programmées pour l’affaiblir et la gêner dans sa lutte contre le terrorisme islamiste, à travers des campagnes mensongères, avait besoin de montrer au monde entier qu’en Algérie ce n’était pas de guerre civile qu’il s’agissait mais d’une lutte contre des hordes fanatisées», expliquent nos sources.
Même les médias français hostiles à l’Algérie à l’époque et qui, étrangement, couvraient les crimes des groupes islamistes armés et les attribuaient à l’armée, avaient admis que l’ONU était «satisfaite» parce qu’«enfin, [elle] pénètre dans un pays réputé fermé», écrivait Le Parisien, qui ajoutait que «le président Zeroual, qui est parvenu à consolider son pouvoir, même si tout n’est pas parfait, loin de là, fait preuve de bonne volonté». «Du coup, concluait le journal, l’Algérie redevient, à part entière, membre de la communauté internationale qui, depuis 1992, la boudait quelque peu, alors que les ONG la vilipendaient carrément».
«Le panel s’est entretenu avec tous les organismes de droits de l’Homme, les personnalités sensibles à ce dossier, des partis d’opposition, bref, des interlocuteurs susceptibles de donner le pouls de pans entiers de la population qui échappent au regard des visiteurs étrangers», résumait à son tour le quotidien Libération dont on ne peut pas dire qu’il fût «tendre» avec l’armée algérienne.
N. D.
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