Mohcine Belabbas dénonce «les errements politiques du commandement militaire»
Par Mounir S. – Le président du RCD, Mohcine Belabbas, accable la haute hiérarchie militaire, qui a accaparé tous les pouvoirs depuis le début de la crise politique. Dans une tribune publiée sur les colonnes du quotidien El-Watan, Mohcine Belabbas souligne «ces errements politiques du commandement militaire, qui a accaparé tous les pouvoirs depuis que l’ancien chef de l’Etat a été contraint à la démission sous la pression de la rue et son lâchage par ses obligés qu’il a lui-même portés à la responsabilité, ont mis en évidence, de façon flagrante, les priorités à prendre en charge pour un nouveau départ pour notre pays». Il s’agit, pour le président du RCD, de la séparation des différents pouvoirs qui fondent les Etats modernes. «Les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire doivent se compléter et se contrôler mutuellement.»
Considérant que la Révolution pacifique du 22 Février a restitué la dignité et la fierté d’être Algérien, Mohcine Belabbas fait état de «la dérive originelle qui est celle du pouvoir législatif, réduit, depuis l’Assemblée constituante de septembre 1962, à une chambre d’enregistrement». «Une Assemblée constituante résultat d’une liste unique choisie par Ahmed Ben Bella, autoproclamé chef du bureau politique du FLN et plébiscité par un simulacre de vote populaire. Une Assemblée dessaisie de l’objet de son institution, qui est de concevoir une Constitution et l’adopter. C’est encore le même Ahmed Ben Bella qui a proposé la première Constitution de l’Algérie indépendante à une réunion de délégués du FLN, dans une salle de cinéma, avant de la faire adopter, en dépit d’une forte opposition, par un coup de force à l’Assemblée et, plus tard, par un référendum», poursuit ce chef politique qui ne voit aucune solution dans l’élection du 12 décembre prochain.
«La dérive est aussi, affirme Mohcine Belabbas, celle du pouvoir exécutif dont les titulaires, acquis à la conception autoritaire du pouvoir, se recrutent dans les clans qui ont confisqué l’indépendance nationale.» «Des sociétaires à l’incompétence politique avérée, inadaptés à gérer les problèmes, incapables de faire des choix et de concevoir des stratégies et, surtout, corruptibles. Des dirigeants semant les graines de la division, de la haine et de la fitna», soutient le premier responsable du RCD, qui milite pour un processus constituant. «Le pouvoir du suffrage est, quant à lui, carrément détourné. Conçu comme un droit citoyen permettant l’expression de la souveraineté populaire, il a été rendu inopérant du fait de la non-reconnaissance effective de la pluralité, des atteintes répétées à la liberté d’organisation et d’expression et, surtout, de l’usage systématique de la fraude électorale», ajoute le président du RCD.
«On le sait tous, il n’y a pas de politique qui vaille en dehors des réalités. Plus que jamais, la raison du peuple doit primer sur la raison du pouvoir. Il s’agit, donc, de rendre au peuple sa souveraineté en faisant de lui l’auteur et le légitimateur de la nouvelle Constitution. C’est là le sens du peuple législateur souverain», conclut Mohcine Belabbas.
M. S.
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