Comment Gaïd-Salah a évincé le chef de l’Etat intérimaire du journal télévisé
Par Mohamed K. – Dans son Journal télévisé de ce mercredi, la chaîne gouvernementale ENTV a confirmé deux faits importants : son rattachement de fait aux services de l’état-major de l’armée et la primauté du chef d’état-major sur le président de l’Etat.
Précédée d’une propagande électorale qui rappelle les spots réalisés par l’ONCIC, l’Anaf et le CAAIC et diffusés dans les salles de cinéma dans les années 1970-80, la première partie des «informations» lues par une journaliste qui toussotait à chaque mensonge a été consacrée aux activités du général Gaïd-Salah, lequel a monopolisé près de 13 minutes. «Même Bouteflika n’avait pas droit à un tel privilège», ont ironisé des sources qui relèvent que l’ancien président de la République était tenu de «partager ce prime time avec son chef d’état-major, étant entendu que le civil devait passer avant le militaire.»
Le peu d’Algériens qui continuent encore de suivre l’ENTV et ses succédanées privées ont eu droit au discours rituel de Gaïd-Salah, suivi des interventions de quelques élèves officiers, applaudis par le maître des lieux. Des sources concordantes indiquent, à ce propos, qu’il s’agit de poèmes et de prose destinés à flatter l’ego du chef d’état-major et préparés à l’avance par la Direction centrale de l’information et de l’orientation, d’où l’absence de voix lors de la lecture de ces envolées lyriques à l’honneur du généralissime.
Non contents d’occuper la première partie du journal télévisé pendant de longues minutes, les services de propagande de l’armée ont fait suivre le long reportage par le «décryptage» d’un ancien officier appelé à la rescousse pour faire durer le plaisir et procéder à l’exégèse du discours de Gaïd-Salah dans un langage «intelligible».
Le Conseil des ministres, «présidé» par Abdelkader Bensalah, n’aura droit qu’à la deuxième partie du JT, la Télévision officielle faisant ainsi une entorse au protocole en faisant passer les activités d’un vice-ministre avant celles du premier homme de l’Etat. «Ce média, dont la vocation de service public a été détournée par le pouvoir, s’affiche de plus en plus comme une annexe de l’état-major de l’armée qui l’a mise sous sa tutelle, au même titre que la justice et les différentes composantes des services de sécurité», soulignent des sources informées.
M. K.
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